Le Journal de Montreal

Le non-pays de Françoise et Manon

- MARIO DUMONT mario.dumont@quebecorme­dia.com

Il y a 25 ans aujourd’hui même, plus de 93 % des Québécois se rendaient aux urnes pour se prononcer sur l’avenir du Québec. Depuis ce jour où une mince majorité a dit NON, le projet souveraini­ste n’est jamais retombé sur ses pattes.

L’un des plus sombres moments pour ce mouvement est survenu lorsque Jean-François Lisée s’est fait entarter par Québec solidaire sur la tentative de « convergenc­e ».

Le Parti québécois avait enlevé ses protège-tibias en signe de bonne foi et QS lui a foutu un coup dans les cannes.

Le PQ est ensuite entré dans la dernière campagne en boitant.

Est-ce que Québec solidaire contribue ou nuit à l’idée de la souveraine­té ?

Ce jour-là, le Québec a découvert à quel point l’indépendan­ce ne représente pas une cause bien prioritair­e pour Québec solidaire.

Ce parti veut gagner des sièges le plus vite possible. Ce parti veut amener le Québec loin à gauche.

Il se déclare souveraini­ste, mais place la question nationale au second plan… et encore.

FRANÇOISE DAVID

À ce chapitre, les récents propos de Françoise David sont éclairants. Invitée à la radio de Radio-Canada (une habituée) cette semaine, cette fondatrice de Québec solidaire a bien résumé la position de son mouvement.

Elle dirait oui à un pays… « mais pas n’importe quel pays ». Je cite.

On décode facilement le sens de

« pas n’importe quel pays ».

Pour elle, l’indépendan­ce du Québec doit se faire à gauche toute. Sinon, bof ! Elle rêve d’une indépendan­ce qui se fasse dans le cadre d’une espèce de révolution socialiste. Le modèle suivi par des pays d’Amérique latine il y a un demi-siècle.

Or, pour le Québec, cette position dogmatique correspond à la stérilisat­ion du projet souveraini­ste.

En rendant leur appui à l’indépendan­ce conditionn­el à une révolution gauchiste, ils mettent une garantie que jamais une majorité de Québécois n’y adhérera.

Fin de l’aventure.

Parmi les gens susceptibl­es d’appuyer la souveraine­té, il y en a un bon nombre plus à droite.

J’en suis un.

Si les seuls choix sont : demeurer dans le Canada ou devenir le Venezuela du Nord, je choisirais la première option sans réfléchir longtemps.

PLUS À DROITE

J’ai connu un grand nombre de souveraini­stes qui rêvaient de faire du Québec le contraire d’un pays socialiste. Des souveraini­stes rêvant de bâtir un pays où il serait plus facile de partir sa PME, un pays utilisant ses richesses naturelles pour attirer des investisse­urs, un pays qui croit plus au secteur privé qu’à la bureaucrat­ie.

Lors du référendum de 1995, Jacques Parizeau avait l’habitude de faire la pédagogie de la démocratie normale qui devrait s’exercer au lendemain d’un OUI.

Comme partout au monde, il y aurait des partis plus à droite, d’autres plus à gauche qui débattraie­nt de leurs politiques. Puis des élections pour trancher et assurer une alternance.

Profiter du passage vers l’indépendan­ce pour visser dans les fondements du nouveau pays des principes gauchistes, c’est une mauvaise idée de Québec solidaire.

C’est ainsi que même en se disant souveraini­stes, ils pourraient être les fossoyeurs du projet pour un temps.

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