Pas facile de renvoyer un prof
Le cas du professeur d’une école de Montréal-Nord visé par des allégations de propos racistes et sexistes vient illustrer à quel point il peut être difficile de faire renvoyer un enseignant au Québec.
« J’ai vu des jeunes filles voilées qui étaient prêtes à couler leur année parce qu’elles se sentaient mal dans la classe d’une enseignante », rapporte une ex-élue scolaire de la métropole, qui a préféré garder l’anonymat pour ne pas nuire à son nouvel emploi.
Comme plusieurs autres intervenants du milieu scolaire, elle a constaté qu’il était « difficile, voire impossible » de faire congédier un enseignant, même lorsque son comportement était inacceptable.
PROPOS RACISTES ET SEXISTES
Le sujet refait surface avec la diffusion de dénonciations, par des élèves et d’anciens élèves, d’un enseignant de l’école secondaire Henri-Bourassa qui aurait tenu des propos racistes, sexistes et insultants pendant des années.
« Des parents et des élèves s’étaient plaints à la direction, mais il n’y avait pas eu de suivi », dit Abir Samih Haddade, une des ex-étudiantes du collectif Béliers solidaires, qui a recueilli plus de 60 témoignages en une semaine.
Comment le système peut-il faillir ainsi ? La liste des obstacles est longue.
«Ilyaune procédurite qui empêche de sanctionner les pommes pourries », résume Hélène Bourdages, présidente de l’Association montréalaise des directions d’établissements scolaires.
« J’ai déjà vu une directrice arriver avec quatre cartables d’observations et de preuves » afin de s’assurer de faire mettre à pied un membre de son personnel, illustre Mme Bourdages.
Certains enseignants vont porter plainte pour harcèlement psychologique dès qu’ils « sentent la soupe chaude », ou vont changer d’école.
Il n’a pas été possible de joindre l’enseignant, qui a été suspendu et fait l’objet d’une enquête administrative.
Le centre de services scolaire et le Syndicat de l’enseignement de la Pointede-l’Île n’ont pas souhaité commenter.