Des clients épiés au centre commercial
Douze centres commerciaux du pays, dont deux au Québec, ont collecté des millions d’images de leurs clients sans leur consentement.
C’est ce que révèle une enquête des commissaires à la protection de la vie privée du Canada, de l’Alberta et de la Colombie-Britannique portant sur Cadillac Fairview, l’une des plus grandes entreprises immobilières commerciales en Amérique du Nord.
Au Québec, la firme torontoise a collecté des images à l’insu des clients des Galeries d’Anjou et du Carrefour Laval, entre le 31 mai et le 31 juillet 2018.
Pour y parvenir, elle a utilisé une technologie d’analyse vidéo qui a pris des images du visage des personnes lorsqu’elles se trouvaient dans le champ de vision d’une caméra cachée dans des bornes d’orientation numériques. Ces bornes servent à orienter les clients qui cherchent leur chemin.
« Les visiteurs n’avaient aucune raison de s’attendre à ce que leur image soit saisie par une caméra discrète ou qu’elle soit utilisée, au moyen de la technologie de reconnaissance faciale, à des fins d’analyse », a souligné le commissaire Daniel Therrien.
PRÊT À RÉCIDIVER
Même si les enquêteurs ont trouvé pas moins de 5 millions de représentations biométriques de visages de visiteurs, Cadillac Fairview s’oppose aux conclusions de l’enquête et affirme ne pas avoir recueilli de renseignements personnels.
Ce à quoi les commissaires répliquent que les données biométriques « sont une caractéristique unique et permanente de notre corps et un élément clé de notre identité ».
La firme a indiqué qu’elle avait déployé ses caméras-espionnes dans le cadre d’un « projet pilote » et qu’elle n’avait pas l’intention de récidiver pour le moment.
Mais si c’est le cas, elle a refusé de s’engager à obtenir un consentement explicite des clients, ce qui inquiète les commissaires.