Le Journal de Montreal

Une enquête est ouverte sur la mort d’un Noir tué par la police

Les agents montréalai­s auraient répondu à un appel pour un homme en crise

- JONATHAN TREMBLAY

Le président de la Ligue des Noirs du Québec souhaite que l’enquête indépendan­te qui étudiera les circonstan­ces entourant la mort d’un homme abattu par des policiers hier à Montréal fasse toute la lumière sur cette affaire.

« Il faut réellement une enquête indépendan­te. Il faut que toute la lumière soit faite sur le sujet afin de déterminer les responsabi­lités. Est-ce que la police a agi correcteme­nt ? Est-ce qu’il n’y avait pas une autre façon de faire en sorte que la personne ne soit pas tuée ? » s’interrogea­it hier Max Stanley Bazin.

Vers 6 h, Sheffield Matthews, 41 ans, a été atteint par au moins un projectile sur le chemin de la Côte-Saint-Luc, près de l’avenue West Hill.

Ce sont deux agents du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) qui ont ouvert le feu sur lui. Ceux-ci avaient plus tôt reçu un appel les dépêchant à intervenir auprès d’un homme en crise.

Une fois sur place, les policiers l’auraient vu se diriger vers leur autopatrou­ille, armé d’un couteau. Il aurait ensuite bifurqué vers un véhicule dans lequel prenait place un conducteur.

MANOEUVRES INFRUCTUEU­SES

Les patrouille­urs seraient alors sortis de leur voiture pour s’interposer. L’homme muni de l’arme blanche aurait alors foncé dans leur direction. Les policiers auraient donc fait feu, atteignant Sheffield Matthews mortelleme­nt.

Des manoeuvres de réanimatio­n ont été pratiquées sur le suspect à l’arrivée des ambulancie­rs.

Puis il a été transporté à l’hôpital, où son décès a été constaté.

Ces premières informatio­ns proviennen­t du Bureau des enquêtes indépendan­tes (BEI), qui a rapidement été chargé d’élucider cette affaire et de déterminer si ces renseignem­ents sont exacts.

Huit de leurs enquêteurs ont été envoyés sur la scène afin de la passer au peigne fin durant toute la journée d’hier. Ils ont également reçu l’assistance de la Sûreté du Québec, pendant que le SPVM surveillai­t le périmètre de sécurité.

Une toile de couleur métallique recouvrait l’endroit exact où a été touché l’individu. On pouvait y apercevoir au sol du matériel de premiers soins, un paquet de cigarettes, un briquet vert et une tuque d’hiver à pompon noire, jaune et blanche.

MÊME RIGUEUR

Cette affaire survient alors qu’un autre drame provoque de vives tensions et des manifestat­ions à Philadelph­ie, aux ÉtatsUnis, où un homme a également été abattu par des policiers en début de semaine.

Dans ce contexte, le président de la Ligue des Noirs du Québec rappelle que même si les mentalités doivent changer, « tous les morts, toutes les personnes qui sont victimes de la police ont toute la même importance ».

Le BEI se dit conscient du débat social actuel, mais assure que cela ne change en rien la façon de mener l’enquête.

« Tous les dossiers sont faits avec la même rigueur, peu importe l’identité ou l’origine ethnique des individus concernés. Ce qui guide notre échéancier, c’est toujours la rigueur », a indiqué son nouveau porte-parole, Guy Lapointe.

– Avec Stéphane Alarie et l’Agence QMI Le Bureau des enquêtes indépendan­tes effectue des démarches pour retrouver un chauffeur de minibus qui aurait pu avoir été témoin de la scène. Il est invité à communique­r avec les enquêteurs sur le site internet du BEI (bei.gouv.qc.ca).

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PHOTO JONATHAN TREMBLAY Des enquêteurs soulevaien­t la toile métallique qui recouvrait les effets personnels de l’homme tué sur le chemin de la Côte-Saint-Luc à Montréal, hier après-midi.

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