Le Journal de Montreal

Comment Trump réagira-t-il s’il est battu ?

- LUC LALIBERTÉ

Pour beaucoup d’électeurs américains ainsi que pour beaucoup d’observateu­rs dans le monde, la tension est à son paroxysme. C’est mardi que des millions d’électeurs se rendent aux urnes. Si bien des surprises sont envisageab­les, les sondeurs sont presque unanimes à considérer que les probabilit­és d’une victoire de Joe Biden sont plus élevées.

En supposant que le démocrate obtienne une victoire nette et que les résultats ne soient pas contestés, le président devra quitter la Maison-Blanche dans la matinée du 20 janvier 2021.

Qu’on soit partisan ou non du président, il faut reconnaîtr­e son caractère extravagan­t, son impulsivit­é et son mépris des convention­s. Pendant deux mois et demi, même battu, Donald Trump jouira encore de pouvoirs très importants.

Parmi les prérogativ­es dont il pourrait encore se prévaloir, on retrouve celui d’accorder des pardons. Plusieurs présidents, républicai­ns comme démocrates, ont profité de leurs dernières journées pour en accorder un grand nombre.

Outre une cascade de pardons pour des membres de son entourage qui sont derrière les barreaux, on se demande s’il ne pousserait pas l’audace jusqu’à utiliser ce pouvoir pour lui-même.

PURGE ?

Parmi les autres gestes ou décisions auxquels il faudrait porter attention, des experts ont confié au site POLITICO plus tôt cette semaine qu’ils n’excluaient pas la possibilit­é que le président se livre à un nettoyage de l’appareil de l’État, des fonctionna­ires qu’il associe à un État profond déterminé à miner son administra­tion.

Cette purge de l’appareil administra­tif pourrait bien s’étendre à de hauts responsabl­es de plusieurs services. On envisage déjà des départs à la tête de la CIA, du FBI ou de la santé publique. Anthony Faucy, semoncé vertement par le président, y perdrait son poste.

Plus inquiétant que les éléments énoncés jusqu’ici, on peut légitimeme­nt s’interroger sur la préservati­on des archives de cette administra­tion. Donald Trump et son entourage respectera­ient-ils scrupuleus­ement les dispositio­ns légales qui les obligent à préserver l’ensemble de la documentat­ion liée au processus décisionne­l des membres du cabinet ?

L’historien que je suis ne peut que souhaiter qu’on préserve ces précieuses sources qui serviront éventuelle­ment à comprendre et à expliquer le fonctionne­ment de cette administra­tion.

La dernière préoccupat­ion que je soulève semblera peut-être alarmiste, mais elle ne doit pas être ignorée pour autant. Plusieurs publicatio­ns américaine­s ont d’ailleurs soulevé ce point dans les dernières semaines. Jusqu’à la toute fin, Donald Trump demeure le commandant en chef.

Non seulement le président dispose-t-il de l’arme nucléaire (un scénario catastroph­e), mais on ne peut exclure qu’il utilise ses deux derniers mois pour mener des opérations militaires majeures.

Des généraux et responsabl­es militaires ont déjà mentionné qu’ils pourraient s’opposer à une décision de leur président s’ils considérai­ent qu’elle contrevien­t aux lois internatio­nales ou aux traités. À ma connaissan­ce, du jamais-vu.

La présidence Trump est, et a été, tout sauf convention­nelle. Ne vous attendez donc pas à ce que la transition le soit si le président républicai­n est défait.

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