Comment Trump réagira-t-il s’il est battu ?
Pour beaucoup d’électeurs américains ainsi que pour beaucoup d’observateurs dans le monde, la tension est à son paroxysme. C’est mardi que des millions d’électeurs se rendent aux urnes. Si bien des surprises sont envisageables, les sondeurs sont presque unanimes à considérer que les probabilités d’une victoire de Joe Biden sont plus élevées.
En supposant que le démocrate obtienne une victoire nette et que les résultats ne soient pas contestés, le président devra quitter la Maison-Blanche dans la matinée du 20 janvier 2021.
Qu’on soit partisan ou non du président, il faut reconnaître son caractère extravagant, son impulsivité et son mépris des conventions. Pendant deux mois et demi, même battu, Donald Trump jouira encore de pouvoirs très importants.
Parmi les prérogatives dont il pourrait encore se prévaloir, on retrouve celui d’accorder des pardons. Plusieurs présidents, républicains comme démocrates, ont profité de leurs dernières journées pour en accorder un grand nombre.
Outre une cascade de pardons pour des membres de son entourage qui sont derrière les barreaux, on se demande s’il ne pousserait pas l’audace jusqu’à utiliser ce pouvoir pour lui-même.
PURGE ?
Parmi les autres gestes ou décisions auxquels il faudrait porter attention, des experts ont confié au site POLITICO plus tôt cette semaine qu’ils n’excluaient pas la possibilité que le président se livre à un nettoyage de l’appareil de l’État, des fonctionnaires qu’il associe à un État profond déterminé à miner son administration.
Cette purge de l’appareil administratif pourrait bien s’étendre à de hauts responsables de plusieurs services. On envisage déjà des départs à la tête de la CIA, du FBI ou de la santé publique. Anthony Faucy, semoncé vertement par le président, y perdrait son poste.
Plus inquiétant que les éléments énoncés jusqu’ici, on peut légitimement s’interroger sur la préservation des archives de cette administration. Donald Trump et son entourage respecteraient-ils scrupuleusement les dispositions légales qui les obligent à préserver l’ensemble de la documentation liée au processus décisionnel des membres du cabinet ?
L’historien que je suis ne peut que souhaiter qu’on préserve ces précieuses sources qui serviront éventuellement à comprendre et à expliquer le fonctionnement de cette administration.
La dernière préoccupation que je soulève semblera peut-être alarmiste, mais elle ne doit pas être ignorée pour autant. Plusieurs publications américaines ont d’ailleurs soulevé ce point dans les dernières semaines. Jusqu’à la toute fin, Donald Trump demeure le commandant en chef.
Non seulement le président dispose-t-il de l’arme nucléaire (un scénario catastrophe), mais on ne peut exclure qu’il utilise ses deux derniers mois pour mener des opérations militaires majeures.
Des généraux et responsables militaires ont déjà mentionné qu’ils pourraient s’opposer à une décision de leur président s’ils considéraient qu’elle contrevient aux lois internationales ou aux traités. À ma connaissance, du jamais-vu.
La présidence Trump est, et a été, tout sauf conventionnelle. Ne vous attendez donc pas à ce que la transition le soit si le président républicain est défait.