Un croc-en-jambe de la Caisse à Garda
GardaWorld, notre multinationale québécoise en services de sécurité, tente actuellement de mettre le grappin sur la société britannique G4S, le numéro 1 mondial dans ce secteur. Elle a déposé une offre non sollicitée de 5,2 milliards de dollars, laquelle a été rejetée. Pour le moment, du moins.
Qui s’apprête à lui livrer bataille dans cette tentative d’OPA sur G4S ? Allied Universal, le chef de file nord-américain en sécurité, dont la Caisse de dépôt et placement affirmait en février 2019 être « l’actionnaire le plus important ».
C’est G4S, elle-même, qui a révélé l’intention d’Allied de déposer une « possible offre » concurrente à celle de GardaWorld.
ALORS…
Quand un fleuron québécois tente d’acquérir une entreprise étrangère, risquer de se faire damer le pion par une société concurrente, c’est… de bonne guerre.
Mais risquer de se faire damer le pion par une société étrangère dont la Caisse de dépôt et placement est le principal actionnaire, convenons que cela est dur à accepter pour les dirigeants du fleuron québécois.
C’est pourquoi j’invite François Legault et son ministre de l’Économie, Pierre Fitzgibbon, à se prononcer ouvertement sur ce genre de concurrence que la Caisse semble vouloir livrer à la multinationale GardaWorld, dont le siège social est à Montréal depuis sa création en 1995.
En cette période où le gouvernement Legault déploie d’énormes efforts pour que le « Maîtres chez nous » devienne incontournable au Québec, se faire concurrencer de la sorte par la Caisse a de quoi choquer les dirigeants d’une entreprise québécoise qui cherche à croître davantage à l’échelle mondiale.
L’heure est venue pour les instances du gouvernement Legault de rappeler à Charles Émond (leur homme de confiance nommé en février dernier à la tête de la Caisse en remplacement de Michael Sabia) que la Caisse de dépôt et placement a pour mandat de favoriser le développement économique du Québec et de ses entreprises.
Ce n’est sûrement pas en concurrençant avec une société étrangère l’un de nos fleurons que la Caisse va faire oeuvre utile en matière de « Maîtres chez nous ».
Après avoir été vertement dénoncée par François Legault lui-même, je croyais que la Caisse avait eu sa leçon avec la gaffe de Michael Sabia d’acquérir pour le Réseau express métropolitain (REM) des trains indiens d’Alstom au lieu des trains de Bombardier de La Pocatière.
VENGEANCE ?
Si Allied Universal dépose une offre formelle pour acquérir G4S, cela donnera l’impression que la Caisse se venge du grand patron et fondateur de GardaWorld, Stéphan Crétier.
Explications. Mon collègue Sylvain Larocque rapportait récemment que M. Crétier, dans le cadre de sa tentative d’OPA sur la britannique G4S, a rejeté une offre de financement de la Caisse de dépôt au profit de celle d’un syndicat de banquiers, regroupant la Banque Scotia, la Banque Royale, la Banque TD, Barclays, Bank of America et UBS.
La raison du refus ? L’offre de financement dudit syndicat était « exceptionnelle » et donc nettement plus avantageuse que celle de la Caisse.
Que la Caisse de dépôt et placement soit frustrée de voir son offre de financement se faire rejeter… c’est compréhensible. Ça ne doit pas lui arriver souvent…
Mais ce n’est certes pas une raison pour livrer bataille à notre fleuron GardaWorld dans sa tentative d’acquisition de G4S.