Le Journal de Montreal

Comment épargner sans trop souvent manger des nouilles

- Daniel Germain

Quand le sujet de l’épargne arrive sur la table, on ne s’attend pas à ce qu’il provoque des vagues. Oh, mais quand il a été question de renoncer à ses expérience­s de jeunesse pour devenir rentier dans la quarantain­e, oupelaï ! Ç’a commencé à se crier des noms !

Calmons-nous un peu ! Après tout, tout le monde est libre d’épargner au rythme qui lui plaît, et chacun peut s’astreindre au régime de pâtes alimentair­es au moment qui lui chante, au début de sa vie ou à la fin.

Moi, des glucides dans la sauce tomate, ça ne me fait pas peur. Ce qui m’importe, c’est de pouvoir épargner sans avoir l’impression qu’on m’ampute un bras.

Pour y arriver, on doit certes faire quelques efforts, mais il faut surtout savoir saisir les occasions qui passent. Il y a des moments où il faut savoir se contenter, c’est donc beaucoup une question de timing (et de contenteme­nt).

GARDEZ VOTRE RYTHME DE VIE

D’abord, quelques mots théoriques : la douleur ressentie après une perte est toujours plus intense que le plaisir éprouvé à la suite d’un gain équivalent. Dit autrement, le fun d’avoir un premier char restera toujours moins grand que la peine de se retrouver soudaineme­nt à pied…

Ce qui fait mal lorsqu’on épargne, c’est quand il faut consentir des sacrifices. Par là, j’entends renoncer à des choses qu’on a déjà.

Pourquoi a-t-on tant de mal à épargner ? Parce qu’on s’empresse trop souvent de rehausser notre train de vie à mesure que nos moyens progressen­t, et même au-delà. C’est là qu’on est pris au piège, car on se met dans une position où il faudra forcément couper.

Le truc le plus facile pour s’enrichir consiste donc à ne pas modifier ses dépenses quand on connaît un bond de ses revenus.

LES MOMENTS CLÉS POUR ÉPARGNER

Rappelez-vous vos années d’étudiant, quand vous partagiez un appartemen­t bordélique avec des semblables, et l’espace d’un frigo crasseux. Vous ne voudriez pas y retourner, mais vous ne pouvez pas dire pour autant que vous étiez alors malheureux, car vous n’aviez encore rien connu de mieux.

Je ne conseille pas de vivre avec des colocs jusqu’à sa retraite. Je propose seulement d’accroître ses dépenses plus lentement que ses revenus, c’est beaucoup moins souffrant que de devoir réduire drastiquem­ent son train de vie.

DES MOMENTS CLÉS DE LA VIE

Il y a des moments clés, le plus important se présente tôt, quand sa carrière décolle, juste avant de trouver le grand amour et de fonder une famille. Ça n’arrive pas toujours comme ça, je le sais bien, mais ça se produit souvent dans cet ordre, à l’orée de la trentaine.

Il faut alors profiter du fait qu’on est accoutumé à un style de vie modeste, et que les obligation­s familiales ne nous pèsent pas encore dessus. Là, il faut donner un coup.

Chaque promotion ou changement d’emploi représente une bonne occasion, évidemment, car c’est alors seulement que le salaire peut bondir. En menant son petit train-train comme avant, on augmente alors son taux d’épargne sans effort.

À mesure qu’on approche de la fin de l’année, de plus en plus de gens voient leur paie augmenter parce qu’ils ont terminé de cotiser au Régime de rentes du Québec (RRQ). Je sais qu’il est tentant d’en profiter, mais ce sera moins éprouvant en janvier, quand les cotisation­s reprendron­t, si on a eu la sagesse de détourner le petit extra vers le REER ou le CELI, comme s’il n’avait jamais existé.

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