Le Journal de Montreal

De bassiste à peintre en bâtiment

- SANDRA GODIN

Ben Marquis détient un baccalauré­at en interpréta­tion jazz de l’Université de Sherbrooke, ainsi qu’un diplôme de 2e cycle dans le même domaine. Directeur musical des 2Frères, le bassiste vit de la musique depuis 16 ans. « J’avais une de mes plus belles années en musique devant moi », confie-t-il.

Si la majorité des musiciens sondés par la Guilde des musiciens et musicienne­s du Québec songe à se réorienter, Ben Marquis fait partie de ceux que la pandémie a forcés à le faire. Il a récemment dû troquer la basse pour le rouleau de peinture.

Le 12 mars, quand l’annonce de la fermeture des salles de spectacles a été prononcée, « je braillais, confie-t-il à l’autre bout du fil. Je n’avais pas à me casser la tête pour l’année qui s’en vient, ni même pour la suivante. C’est rare, dans l’industrie, d’avoir ce genre de sécurité là ».

Le bassiste ne cache pas l’anxiété qui l’a habité les jours suivants, allant même jusqu’à dire que sa santé mentale était affectée. « Du jour au lendemain, tu n’as plus rien. On fait quoi ? J’ai un enfant, une blonde, une maison. Je ne pouvais pas m’éterniser sur la PCU. Dans ma réalité, je ne peux pas joindre les deux bouts avec ça. Ce stress-là m’a troublé », révèle-t-il.

L’insécurité que vivent les musiciens risque de durer encore plusieurs mois. Personne ne sait quand les activités pourront revenir à la normale.

L’option « la plus logique » pour lui était donc de retrouver le métier de peintre en bâtiment qu’il a exercé pour arrondir les fins de mois au début de sa carrière.

« À l’époque, je n’étais pas appliqué, pas tellement méticuleux. Là, je suis arrivé avec une autre mentalité, et j’aime même ça ! Je m’accomplis différemme­nt, mais autant ».

PAS UN ABANDON

Cet emploi, à mille lieues de son ancien mode de vie, lui a permis de retrouver sa positivité. « Quand tu es dans la tournée, tu ne t’en rends pas compte à quel point c’est intense. Soudaineme­nt, je sors de ça et je prends du recul. La vie, ce n’est pas juste ça, finalement. »

Ben Marquis remettra toutefois les pieds sur une scène dès qu’il le pourra. Pour lui, ce changement de carrière est temporaire.

« On a travaillé fort pour devenir musiciens profession­nels. Ne pas faire de musique en ce moment, ce n’est pas un abandon, c’est juste partie remise. Mais je m’attends à un retour dans des conditions plus pénibles. Ça risque d’être encore plus difficile que ça l’était déjà. »

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