« UN AMI TRÈS LOYAL »
Marie-Josée Longchamps et Jean-Marc Brunet gardent de précieux souvenirs du personnage unique
Jean-Marc Brunet et Marie-Josée Longchamps sont tristes. Le décès de leur ami de longue date Régis Lévesque marque la fin d’une histoire d’amitié qui aura duré une cinquantaine d’années.
Le naturopathe à la retraite et l’actrice ont connu de beaux moments en compagnie du promoteur coloré. Ils ont bien voulu partager quelques anecdotes drôles et touchantes avec au sujet de l’homme qui a consacré toute sa vie à la boxe québécoise.
« À l’époque, je servais de partenaire d’entraînement et on m’a demandé de l’être pour les vedettes de Régis, a souligné M. Brunet d’entrée de jeu. Je mettais notamment les gants avec Gérald Bouchard, qui a été champion canadien, Fernand Marcotte et même à Robert Cléroux. J’étais capable de leur tenir tête.
« Cette tâche paraissait très sympathique, mais aussi très utile à Régis. C’est ce qui nous a permis de développer une certaine complicité entre nous. »
Selon l’ancien homme d’affaires, Lévesque avait un sixième sens comme promoteur de boxe. Une qualité qu’on voit rarement aujourd’hui.
« C’était un promoteur instinctif pour les combats qu’il voulait mettre sur pied, a précisé M. Brunet. Dans 95 % du temps, Régis était en mesure de prédire le déroulement d’un combat, la façon qu’il allait se terminer et le vainqueur. C’était la même affaire avec les combats internationaux.
« C’est une chose qui m’a frappé chez lui. Il avait une connaissance peu commune de la boxe. »
De plus, peu importe l’endroit ou le moment, Lévesque avait tendance à s’assoupir pendant quelques minutes.
« C’est arrivé souvent quand je l’accompagnais à Blue Bonnets. Il pariait sur deux ou trois courses de chevaux à l’avance. On se tournait vers lui et il s’était endormi !
« S’il avait été aussi bon dans ses paris que dans la boxe, il serait mort en étant multimillionnaire. Il m’a déjà confié qu’il avait perdu environ trois millions de dollars aux courses. »
PASSIONNÉ DES CÔTES LEVÉES
Durant leur amitié de plusieurs décennies, Lévesque et Brunet ont eu l’occasion de casser la croûte ensemble à maintes reprises. C’était toujours des moments festifs pour les deux hommes.
« Peu de gens le savent, mais il adorait les côtes levées. Pour lui, c’était un festin chaque fois, s’est remémoré M. Brunet.
« Je me souviens de plusieurs rencontres au Beaubien Déli, qui était son deuxième domicile. J’adorais prendre un café avec lui et jaser de boxe. »
Malgré le rythme de vie pas très sain de son ami, le naturopathe n’a jamais tenté de lui faire la morale.
« J’avais beaucoup de sympathie et d’amour envers lui. Je le trouvais exceptionnel et très courageux. Il était tellement intelligent quand il parlait de boxe. »
LE SENS DU SPECTACLE
Pour sa part, Marie-Josée Longchamps note le sens aigu du spectacle qu’avait Régis Lévesque.
« Je me souviens des entraînements publics avant les combats, a raconté l’actrice, qui est encore active. Régis avait le don pour créer une sorte d’impatience dans le public à l’approche d’un gala.
« Ça ne paraissait pas toujours, mais il était très organisé et structuré. Il savait très bien qui il était. Il était d’une modestie fabuleuse. »
Elle a voulu raconter un moment qui illustre bien l’être humain qu’était Régis Lévesque.
« Je jouais au théâtre à Kingsey Falls. C’était assez loin. C’était un spectacle solo où je récitais des textes de Raymond Lévesque. Deux heures de textes coup-de-poing et de poésie.
« Qui était dans la salle pour y assister ? Régis. Il ne connaissait pas ça la poésie. Ce n’était pas son monde. Il était venu me voir par amitié et ça m’avait beaucoup touchée.
« Il a été un ami très loyal et il se portait à ma défense s’il entendait des commentaires négatifs à mon endroit. » Le mot de la fin revient à M. Brunet. « Lors de notre dernière conversation, j’ai dit à Régis qu’après sa mort, je continuerais à lui parler et qu’il me répondrait avec son esprit. Puis, lorsque je traverserai de l’autre côté à mon tour, on pourra continuer notre dialogue.