Vers des lendemains qui déchantent
Si la tendance se maintient, selon la formule consacrée, Trump va perdre l’élection.
Les augures sont avec
Biden. Il devance Trump par une marge considérablement plus importante que celle d’Hillary Clinton en 2016. Les plus jeunes électeurs sont mobilisés contre lui. Les plus vieux (65 ans et plus) et les femmes blanches des banlieues l’ont délaissé. Et une partie significative de l’establishment républicain encourage à voter pour Biden (Lincoln Project).
Échaudés par leurs prédictions erronées de 2016, les sondeurs ont affiné leurs extrapolations : une nouvelle victoire surprise de Trump est encore plus improbable que la dernière (environ 12 %).
Prudent et modeste, Joe Biden dit que ce n’est pas fini tant que la cloche n’a pas sonné. Trump, le vantard prétentieux, parle, lui, d’une vague rouge. Que Dieu nous en protège !
Joe Biden est largement favori pour l’emporter, mais le fait que Trump ait encore une chance, si minime soitelle, d’être réélu est consternant.
Près de la moitié du pays est toujours sous le charme de cet escroc illusionniste repoussant. Le Parti républicain est devenu une secte dont Trump est le gourou. Un Keith Raniere politique, en plus menteur.
LA SECTE TRUMP
Nous allons assister à l’une des élections les plus importantes et décisives de l’histoire des États-Unis
Son élection et sa présidence sont la conséquence des dysfonctionnements du système politique américain. Je me demande ce qu’en dirait Alexis de Tocqueville, l’auteur de La démocratie en Amérique, s’il voyait ce qui s’y passe actuellement.
Tocqueville s’interrogeait déjà en 1830 sur les dérives potentielles de la démocratie naissante aux ÉtatsUnis : « Comment le peuple peut-il se protéger de lui-même ? » La question est plus que jamais d’actualité.
Trump canalise la colère et la peur de sa base composée essentiellement d’hommes blancs peu instruits et, souvent aussi, peu intelligents. Sa défaite va exacerber leur rage et leur fureur, particulièrement si elle est incontestable. Trump et ses partisans vont mal réagir à l’humiliation.
Si la victoire de Biden est serrée, Trump va s’accrocher au pouvoir, provoquant un brouhaha politicosocial et multipliant les contestations juridiques. Il peut espérer que ses requêtes reçoivent un accueil bienveillant de la majorité conservatrice des juges de la Cour suprême qu’il a mis tellement d’efforts à constituer.
L’AVENIR DU PAYS EST EN JEU
Nous allons assister à l’une des élections les plus importantes et décisives de l’histoire des États-Unis.
Non seulement l’avenir de ce pays est en jeu dans cette élection, mais aussi l’avenir de la planète entière. Pensez, entre autres, à l’urgence climatique mondiale.
Après l’élection, le pays va-t-il, peut-il, se réconcilier avec lui-même ? Quel que soit le résultat du vote, je ne le pense pas. Les tensions sociétales envenimées par Trump ne disparaîtront pas de sitôt. Les blessures morales qu’il a infligées à la présidence et aux États-Unis vont prendre longtemps à guérir.