Le Journal de Montreal

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- Richard Latendress­e

Il ne reste plus que 48 heures à cette course à la présidence et les États-Unis sont au bord de la crise de nerfs. Je ne perçois plus que deux émotions : de l’excitation et de l’anxiété.

Si Donald Trump répète la surprise de 2016, les démocrates vont se taper une profonde dépression collective. À l’inverse, avec Joe Biden gagnant, les mêmes démocrates auront aussi de quoi être accablés : les républicai­ns ont le don de laisser un merdier derrière eux. À commencer cette fois par la pandémie dont Donald Trump persiste à minimiser l’ampleur et la gravité. Le week-end a commencé avec des chiffres terrifiant­s : tout près de 100 000 nouveaux cas ! Plus d’une vingtaine d’États ont connu la pire semaine de nouvelles contaminat­ions depuis le début de la pandémie et aucun n’a vu la situation s’améliorer.

Pourtant, d’un rassemblem­ent de milliers de ses partisans à un autre, le candidat républicai­n s’obstine à prétendre que « le virage a été pris », qu’il n’y a que les « fake news » qui s’intéressen­t à la « COVID, COVID, COVID » et que, de toute façon, il n’y a rien là : « Je l’ai eue et regardez-moi ! »

UNE STRATÉGIE DU DÉNI

Devant les cas qui s’accumulent et les hospitalis­ations qui augmentent, c’est comme si Trump volait la fameuse réplique de Chico Marx dans

Duck Soup : « Qui allez-vous croire ? Moi ou vos propres yeux ! »

Si les sondages se confirment et que Joe Biden remporte l’élection du 3 novembre, ce sera lui qui aura à panser les plaies derrière Donald Trump ; lui qui devra imposer des décisions impopulair­es sur le port du masque et la nécessité de certains reconfinem­ents localisés ; lui qui devra exiger le respect de mesures que son prédécesse­ur n’a pas voulu adopter, laissant libre cours à la propagatio­n du coronaviru­s.

Ce qui me ramène à l’élection de Barack Obama à la présidence en novembre 2007 : un moment franchemen­t historique avec des allures de « méchante badluck ». Le premier président noir de l’histoire des États-Unis se faisait larguer, par les républicai­ns de George W. Bush, une économie en ruines, une nation déchirée et un pays exsangue par une épuisante « guerre contre la terreur ».

TOUT À REFAIRE

Qu’on aime ou déteste Obama, il a remis l’économie américaine sur rails, même si la locomotive a mis plus de temps qu’espéré à prendre sa vitesse. Au début de son premier mandat, c’est par centaines de milliers par mois que les emplois disparaiss­aient.

Les économiste­s reconnaiss­ent aujourd’hui que huit années plus tard, Trump a hérité d’un marché de l’emploi dynamique. En d’autres mots, c’est sur l’élan donné par Obama que sa propre croissance économique a surfé. Qu’estce que le président républicai­n laissera à son successeur ? Un autre bordel pas possible. Au-delà du contrôle du virus, il faudra vraisembla­blement des années avant que l’économie américaine ne retrouve son rythme pré-pandémique. Les réductions d’impôts ont surtout avantagé les plus riches. Les différents niveaux de gouverneme­nt sont endettés et à court de revenus. Rien n’a été fait pour contrer l’impact des changement­s climatique­s.

Bref, le party est fini avant même que le démocrate ne s’installe à la Maison-Blanche. Vraiment, faut être fêlé pour vouloir cette job-là !

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PHOTO AFP
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2 JOURS AVANT L’ÉLECTION PRÉSIDENTI­ELLE

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