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Il ne reste plus que 48 heures à cette course à la présidence et les États-Unis sont au bord de la crise de nerfs. Je ne perçois plus que deux émotions : de l’excitation et de l’anxiété.
Si Donald Trump répète la surprise de 2016, les démocrates vont se taper une profonde dépression collective. À l’inverse, avec Joe Biden gagnant, les mêmes démocrates auront aussi de quoi être accablés : les républicains ont le don de laisser un merdier derrière eux. À commencer cette fois par la pandémie dont Donald Trump persiste à minimiser l’ampleur et la gravité. Le week-end a commencé avec des chiffres terrifiants : tout près de 100 000 nouveaux cas ! Plus d’une vingtaine d’États ont connu la pire semaine de nouvelles contaminations depuis le début de la pandémie et aucun n’a vu la situation s’améliorer.
Pourtant, d’un rassemblement de milliers de ses partisans à un autre, le candidat républicain s’obstine à prétendre que « le virage a été pris », qu’il n’y a que les « fake news » qui s’intéressent à la « COVID, COVID, COVID » et que, de toute façon, il n’y a rien là : « Je l’ai eue et regardez-moi ! »
UNE STRATÉGIE DU DÉNI
Devant les cas qui s’accumulent et les hospitalisations qui augmentent, c’est comme si Trump volait la fameuse réplique de Chico Marx dans
Duck Soup : « Qui allez-vous croire ? Moi ou vos propres yeux ! »
Si les sondages se confirment et que Joe Biden remporte l’élection du 3 novembre, ce sera lui qui aura à panser les plaies derrière Donald Trump ; lui qui devra imposer des décisions impopulaires sur le port du masque et la nécessité de certains reconfinements localisés ; lui qui devra exiger le respect de mesures que son prédécesseur n’a pas voulu adopter, laissant libre cours à la propagation du coronavirus.
Ce qui me ramène à l’élection de Barack Obama à la présidence en novembre 2007 : un moment franchement historique avec des allures de « méchante badluck ». Le premier président noir de l’histoire des États-Unis se faisait larguer, par les républicains de George W. Bush, une économie en ruines, une nation déchirée et un pays exsangue par une épuisante « guerre contre la terreur ».
TOUT À REFAIRE
Qu’on aime ou déteste Obama, il a remis l’économie américaine sur rails, même si la locomotive a mis plus de temps qu’espéré à prendre sa vitesse. Au début de son premier mandat, c’est par centaines de milliers par mois que les emplois disparaissaient.
Les économistes reconnaissent aujourd’hui que huit années plus tard, Trump a hérité d’un marché de l’emploi dynamique. En d’autres mots, c’est sur l’élan donné par Obama que sa propre croissance économique a surfé. Qu’estce que le président républicain laissera à son successeur ? Un autre bordel pas possible. Au-delà du contrôle du virus, il faudra vraisemblablement des années avant que l’économie américaine ne retrouve son rythme pré-pandémique. Les réductions d’impôts ont surtout avantagé les plus riches. Les différents niveaux de gouvernement sont endettés et à court de revenus. Rien n’a été fait pour contrer l’impact des changements climatiques.
Bref, le party est fini avant même que le démocrate ne s’installe à la Maison-Blanche. Vraiment, faut être fêlé pour vouloir cette job-là !