La musique qui prône l’extrême droite cherche un plus vaste public
Pendant que Donald Trump libérait la parole des suprémacistes blancs, les artistes qui se servent de la musique pour vanter les mérites d’une idéologie d’extrême droite passent du heavy métal au country pour rejoindre un plus vaste public.
Au Canada, le phénomène serait concentré en Alberta, observe Barbara Perry, directrice du Centre on Hate, Bias and Extremism de l’Université Ontario Tech, à Oshawa.
Délaisser un style plus niché comme le métal pour le country, ou même le hip-hop ou la folk, permet d’adoucir le message, dit-elle.
« Il y a des groupes country très racistes et misogynes », signale Mme Perry, qui rappelle qu’on retrouve des suprémacistes blancs comme Johnny Rebel parmi les vedettes du country américain du XXe siècle.
Au Québec, ce sont surtout des formations punk et métal liées au rock anticommuniste et au rock identitaire francophone qui ont fait la pluie et le beau temps. On n’a qu’à penser à Légitime Violence, dont le chanteur Raf Stomper a fondé l’organisation d’extrême droite Atalante.
PLUS DISCRETS
Or, tous ces groupes musicaux se font discrets depuis quelques années. « Nous sommes dans une phase politique », mentionne le coordonnateur de la Ligue des droits et libertés, section Québec, Maxime Fortin.
« Pendant longtemps, l’extrême droite avait le sentiment que ce n’est pas le bon moment de sortir dans la rue, d’où le recours à la musique underground.
Depuis 2015, l’élection de Trump, les réactions face aux attentats de l’État islamique, l’essor de La Meute et le débat sur les signes religieux, l’extrême droite se sent comme un poisson dans l’eau et, plutôt que de faire de la musique, elle prend les outils plus classiques pour faire de la politique. »
Ça ne veut pas dire que les musiciens sont inactifs, avise Roxane Martel-Perron, directrice de l’éducation et du développement des compétences au Centre de prévention de la radicalisation menant à la violence.
« Présentement, de l’extérieur, il ne semble pas y avoir de grands mouvements au Québec. Par contre, c’est une sousculture qui est très cachée », dit celle qui voit dans la musique un outil pour le recrutement de nouveaux membres.
PLUS ACCESSIBLE
À cet égard, que les groupes de musique soient peu visibles ne devrait pas être une raison pour les prendre à la légère, avertit Barbara Perry.
« Une grande partie de cette musique est disponible sur YouTube et sur d’autres plateformes. C’est même plus facile d’y avoir accès en ligne qu’en se déplaçant dans un bar qui joue cette musique ou dans le sous-sol de quelqu’un. C’est plus direct. Tu peux le faire de partout, pas obligé d’être dans un centre urbain. »