Le Journal de Montreal

Qui sont les partisans de Trump ?

Ses supporters sont concentrés sur ses réalisatio­ns, et non, sur ses frasques lors de son mandat

- NICOLAS SAILLANT

Donald Trump n’est plus « l’outsider » de 2016, mais il représente toujours le candidat « anti-establishm­ent » qui empêchera les électeurs de « souffrir » économique­ment comme à l’époque des démocrates, estime un Québécois naturalisé américain.

Le mandat de Donald Trump a été marqué par plusieurs scandales et crises qui auraient peut-être déjà sonné le glas d’un politicien traditionn­el. Or, c’est justement parce qu’il ne fait rien de traditionn­el que l’actuel président est resté populaire et pourrait être réélu mardi.

Le professeur de l’Université McGill Barry Eidlin, qui suit les élections de Los Angeles, rappelle que la première élection de Trump résulte de la « crise de représenta­tivité politique » aux États-Unis. « Aucun des deux partis ne s’adresse aux enjeux qui concernent la majorité des Américains », fait-il valoir.

Alors que l’administra­tion Obama a appuyé des politiques qui ont fait mal et ont appauvri une tranche de la population, Trump « a parlé des enjeux qui avaient une grande influence sur la vie des gens », fait valoir le professeur adjoint.

C’est d’ailleurs le discours économique et critique des institutio­ns de Trump qui a séduit Pierre Frégeau, un homme d’affaires québécois qui est citoyen américain depuis 2004. « Il n’avait pas peur de dire ce qu’il pense, c’est quelqu’un qui se bat pour le pays », soutient-il.

Le Floridien estime que 80 % de ses promesses ont été réalisées. « Il a bâti le mur, il a ramené des industries de Chine, il a créé beaucoup d’emplois, de bons emplois, il s’est attaqué à l’ONU, à l’OTAN », donne-t-il comme exemples.

LE PARTISAN TYPE

En 2016, les enjeux économique­s soulevés par Donald Trump ont plu à « l’homme blanc », « surtout mâle », sans éducation supérieure, explique le professeur Eidlin. Des employés de la constructi­on, des hommes d’affaires et des agriculteu­rs sont attirés par le discours de Trump.

Ces électeurs ne portent pas trop attention aux frasques de Trump, par exemple sur Twitter ou « ses propos racistes », explique M. Eidlin. Ils s’attardent plutôt à ses politiques : le choix des juges à la Cour suprême, les impôts, sa politique économique.

LA COVID, UN NOUVEL ENJEU

La COVID a cependant changé la donne, selon le professeur, et est devenue un enjeu clé de l’élection. « Est-ce qu’on peut ignorer son comporteme­nt face au virus [et se concentrer] sur sa politique économique ? », se questionne le professeur.

Pour le Québécois naturalisé américain Pierre Frégeau, qui refuse de porter un masque, Trump agit en chef d’État. « On ne peut pas fermer l’économie à jamais », fait-il valoir.

Quoi qu’il en soit, c’est l’élection qui fera foi de tout, selon M. Frégeau, qui ne croit pas à l’avance de Biden dans les sondages. « Les gens sont intimidés, ils ne disent peut-être pas qu’ils sont pour Trump », croit-il.

Et si « le socialisme » détrône Trump, M. Frégeau respectera le choix des Américains. « Si Biden gagne, on va souffrir », se résigne-t-il.

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PHOTO AFP Ronnie Mobley, une partisane républicai­ne de Double Springs, en Alabama, pose fièrement avec une affiche « Trump Country ». Le comté de Winston est celui qui a voté le plus largement pour le candidat républicai­n en 2016.
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PIERRE FRÉGEAU Québécois qui vit en Floride

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