Réduire les caset espérer sauver Noël
Québec aimerait faire plaisir aux citoyens pour les Fêtes
Le gouvernement Legault aimerait bien donner un cadeau aux Québécois à Noël, mais le nombre de cas de COVID-19 ne chute pas malgré les fermetures de commerces et une vie sociale sur pause.
« Il faut être fier d’avoir pu stabiliser les cas au Québec. Mais on stagne désormais. Avec le temps froid qui arrive rapidement, quel est le plan pour faire diminuer les cas? » demande le Dr Quoc Nguyen, qui résume le questionnement de bien des citoyens.
Depuis plusieurs semaines, le Québec est sur un « plateau » d’environ 1000 cas par jour, un niveau insoutenable à long terme pour le système de santé. Le piton de l’indice de propagation, le « R », est coincé à « 1 ». Pour que la transmission communautaire s’affaiblisse, il doit se situer à 0,9.
Mais que peut-on faire de plus lorsqu’on habite en zone rouge et qu’on reste cloîtré à la maison ? Pas grand-chose, répondent les experts. C’est surtout les employeurs et les délinquants qui peuvent changer la donne.
« On pourrait faire comme au printemps et tout fermer sauf les services essentiels. La difficulté, c’est de contrôler l’épidémie tout en maintenant un certain niveau de contacts. On a juste à fermer les écoles et, en deux semaines, on retourne à 200 cas par jour. Mais on ne veut pas faire ça, car on connaît les effets néfastes pour les enfants », note l’épidémiologiste Benoît Mâsse, professeur à l’École de santé publique de l’Université de Montréal.
AU BOULOT
« Les seuls endroits où on peut avoir des contacts en zone rouge, c’est à l’école et au travail. C’est là qu’il faut intervenir, il faut mieux protéger les travailleurs », dit M. Mâsse.
Et Québec le sait. Depuis une semaine, le ministre du Travail, Jean Boulet, a lancé un blitz d’inspection. Premier constat : la construction est particulièrement à risque : près de 100 % des chantiers visités ont été pris en défaut. Sur les 303 interventions dans le milieu de la construction, 301 se sont conclues par des avis de correction.
« C’est très varié: problème de port du masque, manque de distanciation sociale, surtout dans les périodes de pause, de repas et à la salle de bain. La nature humaine est ce qu’elle est. Il y a une certaine fatigue des règles », affirme le ministre Boulet en entrevue. Québec demande aux employeurs d’ajouter des barrières physiques et d’insister sur le port du masque en tout temps, par exemple.
HAUTE SURVEILLANCE
D’autres secteurs, comme les commerces au détail et les abattoirs, sont également sous haute surveillance. Le professeur Benoît Mâsse croit que si la stagnation se poursuit, Québec devra envisager de fermer les centres d’achat et les commerces.
« Mais il ne manque qu’un tout petit
effort pour que ça commence à descendre », dit-il.
Une action qui permet de changer la donne collectivement, c’est de convaincre les 25 % de Québécois qui suivent moins les règles, note le Dr Gaston De Serres, médecin-épidémiologiste à l’Institut national de santé publique du Québec. « Certains doivent faire une introspection: si vous continuez de recevoir des gens à la maison, ça contribue à la transmission », dit-il.
NOËL TRISTE ?
Et le temps presse. Le gouvernement veut donner un répit aux Québécois à Noël. Cette semaine, le premier ministre affirmait qu’avec « le temps des Fêtes, j’espère vraiment, et je suis sûr que dans 28 jours, nous ne pourrons peut-être pas faire de gros party, mais au moins voir nos familles ».
Mais à 1000 cas par jour, ce n’est pas possible, selon Benoît Masse. « Si on est encore au même niveau à la mi-décembre, ça va être bien difficile de donner ce bonbon. Il faut que ce soit maîtrisé pour qu’on permette des exceptions, les 24 et 25 décembre et les 31 décembre et 1er janvier, par exemple », dit-il.
Gaston De Serres souligne également que la question du temps des Fêtes va se poser « partout dans le monde ». « Si, d’un coup sec, les Québécois font comme d’habitude et s’entassent à 50 dans une maison, ça va donner un coup d’accélérateur pas négligeable à la pandémie. Entre ça et rien du tout, il y a de la marge de manoeuvre, et elle va dépendre de nos efforts actuels », ajoute-t-il.