Le Journal de Montreal

Le déclin du français inquiète

Les Québécois souhaitent des actions pour protéger la langue officielle de la province

- PATRICK BELLEROSE

Les Québécois sont de plus en plus inquiets face au déclin de la langue française et une majorité de citoyens appuient l’adoption de mesures fortes pour la protéger, révèle un sondage.

Le coup de sonde Léger mené pour le Mouvement national des Québécoise­s et Québécois (MNQ) et la Fondation Lionel-Groulx apporte des munitions au gouverneme­nt Legault, qui doit déposer sous peu un plan d’action « costaud » pour mieux protéger la langue officielle du Québec.

Tout d’abord, 63 % des répondants se disent « très » ou « assez » préoccupés par la situation du français.

Chez les francophon­es, cette inquiétude grimpe à 71 %, en hausse de 17 % par rapport à un sondage Léger similaire en 2018.

Près de six Québécois sur dix jugent d’ailleurs que la situation s’est dégradée au cours de la dernière décennie. La même proportion estime que la place du français continuera de reculer au cours de la prochaine décennie.

À l’inverse, une majorité de non-francophon­es croit que la langue de Molière se portera aussi bien (40%) ou mieux (12%) dans la Belle Province en 2030.

Ce sombre tableau amène les commandita­ires du sondage à « sonner l’alarme auprès du gouverneme­nt qui tarde à déposer son plan d’action, mais aussi auprès de la population », explique la présidente par intérim du MNQ, Thérèse David.

MESURES MUSCLÉES

Bonne nouvelle pour le gouverneme­nt caquiste : 67% des Québécois (et 77% des francophon­es) se disent prêts à appuyer des « lois » qui viendraien­t mieux protéger la langue commune.

En fait, toutes les mesures proposées par les sondeurs, sauf une, ont reçu l’appui d’une majorité de la population. Sans surprises, les taux d’approbatio­n grimpent encore plus fortement chez les répondants francophon­es.

Ainsi, le financemen­t nécessaire à la francisati­on des nouveaux arrivants (80%) et l’obligation de leur dispenser les services de l’État en français (77%), notamment dans les hôpitaux, arrivent en tête de liste.

L’idée d’élargir la portée de la loi 101 aux entreprise­s de juridictio­n fédérale reçoit également l’aval de 78% des Québécois.

La seule propositio­n des sondeurs qui ne récolte pas une majorité d’appuis vise à réserver l’accès des cégeps anglophone­s aux étudiants ayant étudié dans la langue de Shakespear­e : seuls 47% des répondants sont d’accord. D’ailleurs, la question divise les francophon­es, qui appuient et rejettent l’idée à proportion­s égales.

JEUNES : CONFORT ET INDIFFÉREN­CE

Une analyse plus fine des données révèle également que l’appui aux mesures de protection de la langue chute chez les 18-34 ans (55%), tout en engrangean­t le plus de partisans auprès des répondants de 55 ans et plus (75%).

Mais Thérèse David préfère voir le verre à moitié plein. Après tout, il s’agit tout de même d’une majorité.

« Honnêtemen­t, je m’attendais à un appui moins élevé. [...] Entre 18 et 34 ans, je m’inquiétais surtout de trouver une garderie et d’élever mes jeunes enfants », fait-elle valoir.

IMMIGRATIO­N ET MILIEU DE TRAVAIL

Au printemps 2019, un rapport de l’Office québécois de la langue française (OQLF) est venu confirmer le lent déclin de la langue de Molière dans la province.

Le français comme langue d’accueil dans les commerces de Montréal était en recul, tout comme son utilisatio­n sur les lieux de travail.

Le rapport de l’OQLF soulignait aussi une hausse du bilinguism­e : oui, les anglophone­s et allophones maîtrisent mieux le français qu’auparavant, mais les francophon­es utilisent de plus en plus l’anglais au quotidien.

Pour Thérèse David, l’action du gouverneme­nt caquiste doit donc se concentrer sur les nouveaux arrivants et sur les lieux de travail. Sinon, le risque de perdre une culture commune francophon­e guette le Québec, estime-t-elle.

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