Le Journal de Montreal

Un quartier en deuil d’un propriétai­re de dépanneur

L’homme de 49 ans a été assassiné en plein jour vendredi dans Ahuntsic

- ÉTIENNE PARÉ

L’agression à l’arme blanche qui a coûté la vie à un propriétai­re de dépanneur en plein jour, vendredi, a eu l’effet d’un électrocho­c dans le quartier Ahuntsic, où des gens du coin se sont mobilisés pour venir en aide à la femme et aux enfants de la victime.

Devant le Dépanneur de Lille, où « M. Yong », 49 ans, est décédé tragiqueme­nt, les bouquets de fleurs et les cartes s’accumulent depuis deux jours.

« C’était vraiment un homme gentil. Il connaissai­t ses clients. Il savait d’avance quel billet de loterie ou quel paquet de cigarettes tu allais prendre. Avec les enfants, il était super généreux, il y avait toujours des petites surprises dans ses sacs de bonbons », s’est remémorée Julie Gougeon, une mère de famille qui peine à imaginer qu’un événement empreint d’une si grande violence a pu se dérouler à quelques coins de rue de chez elle.

Toujours troublée par la gratuité du crime, elle a organisé, samedi soir, une vigile devant le commerce du boulevard Henri-Bourassa, où une cinquantai­ne de personnes ont répondu présentes.

Elles se sont souvenues d’un homme vaillant et extrêmemen­t respectueu­x, même avec les sans-abri qui avaient l’habitude de flâner devant le dépanneur, a témoigné Mme Gougeon.

TRAVAILLAN­T ET FAMILIAL

Ils ont aussi rendu hommage à un homme pour qui la famille représenta­it tout, imaginant bien la douleur qui doit habiter son épouse et leurs enfants de 8, 14 et 16 ans.

« Son épouse travaillai­t au dépanneur avec lui, ils vivaient juste en haut. Ses enfants étaient souvent là aussi. Quand ils étaient jeunes, ils jouaient dans le dépanneur. On les a vus grandir », a illustré Julie Gougeon, qui reste bouleversé­e par sa brève rencontre avec la veuve de M. Yong à la vigile.

Sa famille a demandé à ce que l’Agence QMI n’utilise pas son nom au complet, d’ici à ce que les suspects soient arrêtés.

« On attend des nouvelles des enquêteurs, mais on pense que ça pourrait être un vol qui a mal tourné », a ajouté Calvin Wu, qui décrit son cousin par alliance comme quelqu’un qui aurait été prêt à tout pour protéger son dépanneur.

Immigré de la Chine au début des années 90, M. Yong avait d’abord trimé dur dans des restaurant­s afin d’économiser et de pouvoir acheter son magasin.

« Il était toujours là. Il devait travailler 16-17 heures par jour », a souligné Raphaël Grondin, un client régulier, qui a lancé une campagne de sociofinan­cement pour soutenir la famille dans cette épreuve.

Hier en début de soirée, plus de 2400 $ avaient été amassés. Le GoFundMe est maintenant administré par la famille.

CRAINTES POUR LA SÉCURITÉ

Au-delà de la solidarité, ce sordide meurtre a également suscité la peur chez les habitants de ce secteur d’Ahuntsic. « Il y avait une de nos clientes de 76 ans qui était complèteme­nt en panique quand c’est arrivé », a affirmé Kim Paquet, une employée d’un autre dépanneur du quartier.

« Avant, je me sentais au moins protégé pendant la journée, mais plus là, avec ce qui vient d’arriver », a confié Kodjo Houenou, tenancier du Marché central d’Afrique, à quelques pas du Dépanneur de Lille.

Le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) a déclaré ne pas avoir arrêté de suspects concernant cette affaire, mais a assuré que l’enquête se poursuivai­t.

 ?? PHOTO BEN PELOSSE ?? Des citoyens se sont recueillis, hier, devant le Dépanneur de Lille, où le propriétai­re a été tué à l’arme blanche vendredi. Depuis deux jours, des gens y déposent des fleurs et des toutous en souvenir de l’homme qu’ils côtoyaient au quotidien.
PHOTO BEN PELOSSE Des citoyens se sont recueillis, hier, devant le Dépanneur de Lille, où le propriétai­re a été tué à l’arme blanche vendredi. Depuis deux jours, des gens y déposent des fleurs et des toutous en souvenir de l’homme qu’ils côtoyaient au quotidien.

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