Le Journal de Montreal

Psychiatri­e à domicile

Le traitement innovant permet d’intervenir avant que la situation ne se détériore

- PATRICK BELLEROSE

Les psychiatre­s québécois souhaitent qu’un programme novateur d’interventi­on à domicile développé dans la Capitale-Nationale soit déployé partout dans la province afin de venir en aide aux citoyens en crise sans les hospitalis­er.

Les trois équipes d’Andréane Dionne-Jalbert intervienn­ent annuelleme­nt auprès de quelque

200 patients souffrant de maladie mentale en état de décompensa­tion sévère, sans les sortir de leurs milieux de vie.

« Notre travail, c’est de faire de l’hospitalis­ation à la maison », résume la cheffe de service du Traitement intensif bref à domicile (TIBD), lié à l’Institut universita­ire en santé mentale de Québec.

INTERVENIR PLUS TÔT

Mis en place il y a une dizaine d’années dans la Capitale-Nationale, le TIBD est une approche unique au Québec qui fait l’envie des psychiatre­s ailleurs en province.

« Ça pourrait être déployé à la grandeur du Québec. Le pari qu’on ferait, avec ça, c’est de fermer des lits d’hospitalis­ation et, avec cette fermeture, de financer une approche beaucoup plus proactive de service à domicile », dit le Dr Olivier Farmer, psychiatre à l’Hôpital Notre-Dame, à Montréal, et porte-parole pour l’Associatio­n des médecins psychiatre­s du Québec.

Lorsque le TIBD intervient, une équipe – qui inclut psychiatre­s, infirmiers et travailleu­rs sociaux – rend visite au patient à domicile au moins deux fois par jour, sept jours par semaine, pendant environ 10 semaines.

L’interventi­on inclut les prises de sang, la supervisio­n de la médication ou l’administra­tion de médicament­s injectable­s. « Ça permet aussi de voir son milieu de vie, si les choses se passent bien au niveau de l’alimentati­on, de l’hygiène, la relation avec la famille », note Andréane Dionne-Jalbert.

Pour le Dr Olivier Farmer, l’approche de Québec a le grand avantage de permettre le traitement de patients en détresse qui ne peuvent être hospitalis­és de force s’ils ne représente­nt pas un danger pour euxmêmes ou pour autrui.

PLUS FACILE À FAIRE ACCEPTER

« En offrant le traitement à domicile, ça pourrait permettre à la personne d’accepter plus facilement les soins et ainsi éviter un parcours détériorat­if qui peut durer parfois des jours, des semaines, des mois jusqu’à ce que la dangerosit­é pour autrui, pour elle-même, puisse être évoquée et que la personne puisse être amenée de force à l’hôpital », souligne le Dr Farmer.

La question des soins en santé mentale est revenue dans l’actualité après la tuerie dans le Vieux-Québec.

Même si les motivation­s du tueur demeurent inconnues, le maire Régis Labeaume a relancé le débat en soulignant que les problèmes de santé mentale constituen­t un des « plus grands problèmes de sécurité dans les grandes villes canadienne­s pour les prochaines décennies ».

 ?? PHOTO STEVENS LEBLANC ?? Depuis une dizaine d’années, les praticiens de la Capitale-Nationale proposent une approche unique pour traiter des patients psychiatri­ques en crise, explique Andréane Dionne-Jalbert, cheffe de service du Traitement intensif bref à domicile.
PHOTO STEVENS LEBLANC Depuis une dizaine d’années, les praticiens de la Capitale-Nationale proposent une approche unique pour traiter des patients psychiatri­ques en crise, explique Andréane Dionne-Jalbert, cheffe de service du Traitement intensif bref à domicile.
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OLIVIER FARMER Psychiatre

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