Retourner aux États-Unis
Je l’avoue. Si Donald Trump était réélu, j’allais vendre mon condo au bord de la mer en Floride.
Vivre quelques mois dans la plus grande puissance démocratique au monde, même avec ses défauts, me stimulait. Mais me retrouver de nouveau dans cette Floride trumpiste avec Donald Trump à la Maison-Blanche m’était trop pénible.
Dans mon immeuble où 20 % des gens sont des compatriotes québécois, une sorte de maison des artistes où l’on n’a pas à signer des autographes entre nous, il existe un climat amical et culturel très plaisant, comme disent les gens du Lac-Saint-Jean.
Nos voisins américains, eux, se départagent entre démocrates et républicains. Disons que la fréquentation des démocrates est fort éclairante. Les repas entre eux et nous sont très amicaux et intellectuellement riches d’échanges. Les républicains, croyant que tous les Québécois étaient anti-Trump, se méfient de nous. Ils nous trouvent « spéciaux ». Une voisine est même venue un jour nous dire que nombre d’entre eux n’étaient pas à l’aise avec des gens comme nous, « trop instruits » (c’était une fixation chez elle), « trop stars » (quelques-uns d’entre nous se retrouvent dans le bottin de l’Union des artistes), donc trop exotiques pour eux.
COMPLEXITÉ AMÉRICAINE
Bien qu’en Floride le vote républicain l’emporte de nouveau, j’ai décidé d’y retourner une fois la pandémie sous contrôle. D’ailleurs, vivre aux États-Unis, en Floride en particulier, comporte de précieux avantages journalistiques. Le contact quotidien avec cette population très diversifiée, peu politisée à vrai dire, dont les habitants évitent de discuter politique même entre eux, permet de mieux saisir la complexité américaine.
Le choc est culturel pour nous, si portés à aborder des sujets qui fâchent. Qu’il s’agisse de religion, de sexualité ou de politique. Or il n’est pas toujours évident de départager les militants trumpistes des démocrates. D’où l’intérêt d’y vivre.
Les résultats serrés de cette élection n’annoncent guère de grandes espérances. Trump n’est pas sorti de la vie politique américaine. Soixante-dix millions de personnes l’appuient, mais 74 millions d’autres rêvent de réconciliation. Quel défi !