Le Journal de Montreal

Faire des affaires sans repères

Les incertitud­es liées à la pandémie se sont ajoutées, pour Manac, à celles d’une industrie toujours cyclique

- JEAN-MICHEL GENOIS GAGNON

La pénurie de bois traité, l’augmentati­on des commandes en ligne et l’engouement des Québécois pour les travaux de rénovation dans leur maison auront aidé indirectem­ent l’entreprise de Saint-Georges, Manac, à maintenir sa santé financière depuis le début de la pandémie.

Comment, vous demandez ? Ce sont tous des produits qui doivent être livrés, répond le président et chef de la direction, Charles Dutil. Et justement, Manac se spécialise dans la fabricatio­n de semi-remorques.

D’ailleurs, lors de son entrevue avec Le Journal, la direction venait de terminer une semi-remorque pour l’entreprise de livraison Purolator.

Même avant la COVID-19, 2020 s’annonçait déjà plus difficile pour le carnet de commandes du groupe, notamment en raison des élections américaine­s.

« Nous sommes dans une industrie cyclique », note M. Dutil, qui prévoyait une baisse de revenus pour cette année. « De façon régulière, les trois ou quatre derniers mois avant une élection américaine, il y a une partie de la clientèle qui met sur pause ses investisse­ments et elle attend les résultats. »

Au printemps dernier, comme tous les entreprene­urs d’ici, M. Dutil a tout de même dû refaire ses devoirs en raison des impacts de la pandémie sur les marchés mondiaux. Sans boule de cristal et devant la première pause dans l’histoire de l’économie du Québec, il était difficile de miser juste.

La bonne nouvelle, c’est que « nous sommes encore ici ! » avance le grand patron avec une pointe d’humour. « Même dans des scénarios optimistes, on n’aurait pas pensé être dans notre situation. Sept mois plus tard, on doit dire que ça va mieux que ce qu’on avait anticipé », poursuit l’homme d’affaires.

PROGRAMMES D’AIDE

Ce dernier mentionne que la subvention salariale d’urgence du Canada a entre autres aidé son entreprise à traverser cette tempête « en comblant des baisses de revenus ».

Certains de ses clients ont également pu profiter de ce soutien financier, ce qui leur a permis de maintenir leurs activités.

Le président de l’entreprise beauceronn­e est aussi d’avis que les programmes d’aide pour les personnes mises à pied ont contribué à soutenir un roulement de l’économie.

« Tout l’argent qui a été distribué par les gouverneme­nts s’est retrouvé dans l’économie », souligne M. Dutil.

« Nous avons vu une redirectio­n des dépenses discrétion­naires des ménages. Les dépenses en restaurati­on, hôtellerie, aviation et croisière ont probableme­nt été moins importante­s qu’en 2019. De l’autre côté, il y a eu une hausse des dépenses pour les marchandis­es qui doivent se transporte­r par camion », poursuit-il.

L’explosion de la demande pour certains produits n’a toutefois pas entraîné une augmentati­on du nombre de commandes de semi-remorques, tient à nuancer la direction, mais cela a permis de « supporter » les activités.

Si bien qu’aujourd’hui, Manac peut offrir du boulot à environ 1200 des 1300 travailleu­rs que l’organisati­on comptait avant la pandémie.

Pour répondre à la demande, l’entreprise québécoise cherche même une soixantain­e de talents pour ses usines de Laurier-Station et de Saint-Georges-de-Beauce.

Ce manque de personnel force actuelleme­nt la direction à étirer ses échéancier­s pour la livraison de semi-remorques.

PLUS DIFFICILE HORS QUÉBEC

Ce ne sont toutefois pas toutes les installati­ons de Manac qui ont retrouvé leur erre d’aller ou presque. Les usines de Penticton, en Colombie-Britanniqu­e, et d’Oran, dans l’État du Missouri, ne tournent toujours pas à plein régime.

« Au Missouri, nous fabriquons plus des semi-remorques liées au secteur de l’énergie et de la constructi­on, tout comme notre usine dans l’Ouest canadien qui supporte beaucoup le secteur de l’énergie. Cela a été plus affecté et c’est moins positif qu’au Québec », conclut M. Dutil.

« MÊME DANS DES SCÉNARIOS OPTIMISTES [AU PRINTEMPS], ON N’AURAIT PAS PENSÉ ÊTRE DANS NOTRE SITUATION. » – Charles Dutil, président et chef de la direction de Manac

 ?? PHOTO COURTOISIE ?? Manac a tout récemment terminé une semi-remorque pour l’entreprise de livraison Purolator. Cette dernière risque d’être submergée de commandes durant les Fêtes.
PHOTO COURTOISIE Manac a tout récemment terminé une semi-remorque pour l’entreprise de livraison Purolator. Cette dernière risque d’être submergée de commandes durant les Fêtes.

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