Le Journal de Montreal

Éloge adressé aux femmes rondes Pour accueillir une nouvelle petite-fille de façon sécuritair­e

- LOUISE DESCHÂTELE­T louise.deschatele­ts@quebecorme­dia.co

Je fais partie de la cohorte, de plus en plus grosse à ce qu’il paraît, des femmes qui sont en surpoids. Je n’avais jamais été mince quand j’étais jeune, mais c’est suite à ma première grossesse que la graisse s’est pour ainsi dire accrochée à moi pour ne plus me quitter.

Au début je faisais régime sur régime pour perdre le surplus, mais après trois grossesses, j’ai pris pour acquis que j’avais un corps fait pour être rond. J’ai la chance d’avoir un conjoint qui m’aime comme ça. Il prétend que je suis une femme appétissan­te et que me voir manger lui donne de l’appétit, et pas juste pour la nourriture.

Comment se fait-il que dans certaines sociétés, le fait d’avoir une femme dans mon genre prouve que l’homme a de la valeur et de l’argent, alors que chez nous on perd des points ? On se fait traiter de paresseuse, pas capable de se retenir de manger. On ne compte plus les suggestion­s de « moyens efficaces pour maigrir ».

Quand est-ce qu’on va nous sacrer patience avec ça ? Oui certaines femmes demeurent minces toute leur vie et c’est ben correct comme ça ! Mais à ce que je sache, il y a un proverbe qui dit « Il faut vivre et laisser vivre ! » Alors, laissez-nous donc vivre comme on veut. Quand je constate que même les enfants un peu ronds comme ma fille sont déjà stigmatisé­s à l’école, mon espoir en un avenir meilleur pour elle s’effondre pas mal.

Une grasse qui s’aime comme ça

Je comprends que vous puissiez vous sentir agressée par l’obsession de la minceur qui a envahi nos sociétés depuis des décennies. Mais je vous rappelle que depuis environ une dizaine d’années, il y a une volonté des milieux de la mode de présenter une image corporelle féminine qui soit plus en accord avec la réalité, en dénonçant la trop grande minceur des mannequins sur les podiums et dans les publicités, et en faisant une place à la diversité. Certes, ça reste encore embryonnai­re, mais au moins ça existe. Et comme on n’est jamais si bien servi que par soi-même, je pense que plus les femmes rondes vont clamer les valeurs de la diversité corporelle, plus celle-ci prendra de place dans les esprits, et moins elle sera stigmatisé­e. De là mon envie de publier votre lettre ce matin ! Quant à votre fille, le mieux que vous puissiez faire pour elle est de valoriser ce qu’elle est au maximum, pour qu’elle se sente forte face aux attaques à son endroit. Plus elle sera fière de son image, moins elle souffrira des commentair­es des autres.

Ma fille va mettre au monde son deuxième enfant, une petite fille, dans les semaines qui viennent. Mon mari et moi sommes très inquiets à propos de ce qu’on pourra se permettre comme intimité avec elle, nous qui avons été privés de notre petit-fils de 5 ans pendant une bonne partie du printemps.

On sait qu’on ne pourra pas se rendre à l’hôpital pour célébrer sa naissance vu les risques que ça représente­rait aussi pour nous. Mais quand elle sera revenue à la maison de ses parents, pourrons-nous la visiter sans crainte ? Mon mari et moi, on voudrait tellement établir une relation de proximité avec nos petits-enfants. Malheureus­ement, la m… te pandémie nous en empêche.

Mamie soucieuse de bien faire

Voici les conseils de la pédiatre et microbiolo­giste infectiolo­gue au CHU Sainte-Justine, la Docteure Caroline Quach, à ce sujet : « Je conseille aux grands-parents de se confiner durant les deux semaines précédant la naissance du bébé, ce qui rendra le risque de transmissi­on nul. Suite à cette mesure, les grands-parents pourront cajoler le bébé sans crainte. C’est certain que si la fratrie va à la garderie ou à l’école, c’est plus compliqué. »

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