Le Journal de Montreal

L’UPAC était en froid avec la Couronne Normandeau n’a pas été arrêtée pour rien

Entrevue avec le patron Frédérick Gaudreau

- ALEXANDRE ROBILLARD

L’équipe de l’ex-commissair­e de l’UPAC Robert Lafrenière avait perdu la confiance des procureurs du Directeur des poursuites criminelle­s et pénales (DPCP), a déclaré hier le nouveau dirigeant du corps policier, Frédérick Gaudreau.

En bouclant une opération de relations publiques entourant la présentati­on de son bilan annuel, M. Gaudreau a levé partiellem­ent le voile sur la situation qu’il a trouvée à l’Unité permanente anticorrup­tion (UPAC) lorsqu’il y a été nommé, il y a deux ans.

Les communicat­ions entre enquêteurs de l’UPAC et procureurs du DPCP se faisaient uniquement par lettre même pour des sujets qui auraient normalemen­t pu se régler par téléphone.

« Quand je suis arrivé à l’UPAC j’ai vu clairement un clivage, une espèce de sentiment de non confiance qui était perceptibl­e », a-t-il dit dans le cadre d’un échange avec des journalist­es.

D’abord commissair­e associé, à partir de juin 2018, M. Gaudreau a assuré l’intérim après le départ de M. Lafrenière, quatre mois plus tard. Il a ensuite été nommé commissair­e en 2019.

Selon lui, les relations entre l’UPAC et le DPCP ont commencé à se rétablir après le départ de tous les gestionnai­res qui faisaient partie de l’équipe de de M. Lafrenière.

« Les relations se sont grandement améliorées », a-t-il dit.

LES FUITES

M. Gaudreau a expliqué que le climat s’est détendu après le transfert au Bureau des enquêtes indépendan­tes (BEI) d’une enquête sur des fuites dans les médias de renseignem­ents provenant de l’UPAC.

« Ils ont vu que l’équipe en place prenait ça au sérieux et ne voulait pas donner cette impression de contrôler l’enquête », a-t-il expliqué.

Avant que le BEI se charge du dossier des fuites, M. Lafrenière avait confié à des enquêteurs de l’UPAC le mandat d’enquêter sur leurs propres collègues.

M. Gaudreau est demeuré discret sur les raisons qui ont miné la confiance des procureurs du DPCP, dont le rôle est de conseiller les policiers dans leurs enquêtes.

« Je peux comprendre pourquoi ils étaient si réticents à avoir des communicat­ions franches et transparen­tes avec nous », a-t-il dit.

INCONDUITE­S

Le commissair­e s’est contenté de pointer vers un jugement de la Cour du Québec ordonnant, en septembre, l’arrêt des procédures dans le dossier des ex-ministres Nathalie Normandeau et Marc-Yvan Côté. Ils étaient jusque-là accusés d’abus de confiance et d’actes de fraude. Dans une décision où plusieurs passages sont caviardés, le juge André Perreault a évoqué des « inconduite­s policières ».

M. Gaudreau a affirmé que les faits qui ont miné la confiance du DPCP ont été transmis au BEI. « C’est à eux de faire la lumière là-dessus, a-t-il dit. Ce que j’espère c’est qu’on puisse savoir ce qui a achoppé là-dedans. »

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PHOTO D’ARCHIVES En février dernier, Frédéric Gaudreau assiistait à une session en commission parlementa­ire dans le cadre du projet de loi sur la nomination des officiers à l’Assemblée nationale.

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