L’UPAC était en froid avec la Couronne Normandeau n’a pas été arrêtée pour rien
Entrevue avec le patron Frédérick Gaudreau
L’équipe de l’ex-commissaire de l’UPAC Robert Lafrenière avait perdu la confiance des procureurs du Directeur des poursuites criminelles et pénales (DPCP), a déclaré hier le nouveau dirigeant du corps policier, Frédérick Gaudreau.
En bouclant une opération de relations publiques entourant la présentation de son bilan annuel, M. Gaudreau a levé partiellement le voile sur la situation qu’il a trouvée à l’Unité permanente anticorruption (UPAC) lorsqu’il y a été nommé, il y a deux ans.
Les communications entre enquêteurs de l’UPAC et procureurs du DPCP se faisaient uniquement par lettre même pour des sujets qui auraient normalement pu se régler par téléphone.
« Quand je suis arrivé à l’UPAC j’ai vu clairement un clivage, une espèce de sentiment de non confiance qui était perceptible », a-t-il dit dans le cadre d’un échange avec des journalistes.
D’abord commissaire associé, à partir de juin 2018, M. Gaudreau a assuré l’intérim après le départ de M. Lafrenière, quatre mois plus tard. Il a ensuite été nommé commissaire en 2019.
Selon lui, les relations entre l’UPAC et le DPCP ont commencé à se rétablir après le départ de tous les gestionnaires qui faisaient partie de l’équipe de de M. Lafrenière.
« Les relations se sont grandement améliorées », a-t-il dit.
LES FUITES
M. Gaudreau a expliqué que le climat s’est détendu après le transfert au Bureau des enquêtes indépendantes (BEI) d’une enquête sur des fuites dans les médias de renseignements provenant de l’UPAC.
« Ils ont vu que l’équipe en place prenait ça au sérieux et ne voulait pas donner cette impression de contrôler l’enquête », a-t-il expliqué.
Avant que le BEI se charge du dossier des fuites, M. Lafrenière avait confié à des enquêteurs de l’UPAC le mandat d’enquêter sur leurs propres collègues.
M. Gaudreau est demeuré discret sur les raisons qui ont miné la confiance des procureurs du DPCP, dont le rôle est de conseiller les policiers dans leurs enquêtes.
« Je peux comprendre pourquoi ils étaient si réticents à avoir des communications franches et transparentes avec nous », a-t-il dit.
INCONDUITES
Le commissaire s’est contenté de pointer vers un jugement de la Cour du Québec ordonnant, en septembre, l’arrêt des procédures dans le dossier des ex-ministres Nathalie Normandeau et Marc-Yvan Côté. Ils étaient jusque-là accusés d’abus de confiance et d’actes de fraude. Dans une décision où plusieurs passages sont caviardés, le juge André Perreault a évoqué des « inconduites policières ».
M. Gaudreau a affirmé que les faits qui ont miné la confiance du DPCP ont été transmis au BEI. « C’est à eux de faire la lumière là-dessus, a-t-il dit. Ce que j’espère c’est qu’on puisse savoir ce qui a achoppé là-dedans. »