C’est cher la blouse en temps de pandémie
Ottawa a payé jusqu’à 230 millions $ de plus pour cette commande
Les blouses médicales achetées d’urgence par le gouvernement Trudeau à une petite compagnie pratiquement inconnue ont coûté près d’un quart de milliard de plus qu’en temps normal, a découvert notre Bureau d’enquête.
Selon des estimations réalisées à partir de plusieurs sources, le gouvernement fédéral a déboursé environ 18,55 $ pour chacune des blouses importées en vertu d’un contrat sans appel d’offres de 371,3 millions $ conclu avec la compagnie Proline Advantage, d’Ottawa.
À la fin de l’été dernier, une fois la crise mondiale des approvisionnements médicaux terminée, ces blouses de catégorie 3 ne valaient plus que de 7 $ à 9 $ chacune, d’après nos sources. Cela veut dire que le fédéral pourrait avoir payé une surprime allant jusqu’à 231 millions $.
Nos informations nous ont permis de déterminer que la commande passée auprès de la petite entreprise d’Ottawa s’établissait à environ 20 millions de blouses, un chiffre que le gouvernement Trudeau a refusé de dévoiler.
Il s’agit du plus gros contrat accordé par le fédéral lors de son blitz d’achats liés à la COVID-19 au printemps dernier.
JUSTE PRIX AU PRINTEMPS
Une source expérimentée en matière d’importation de matériel médical nous a expliqué que le prix de 18,55 $ pour chaque blouse n’était pas exagéré au moment où la commande a été passée au début du mois d’avril.
« C’étaient les prix payés à ce moment-là », a-t-il dit. Le marché international des équipements médicaux était alors en état de panique en raison de la pandémie.
Le gros de la commande des blouses a commencé à arriver au Canada deux ou trois mois plus tard, alors que les prix avaient commencé à redescendre.
Selon nos recherches, l’expédition de cette gigantesque commande depuis la Chine a nécessité l’utilisation de 300 conteneurs et s’est poursuivie au moins jusqu’à la fin du mois d’août.
D’après notre source, Ottawa a payé les prix gonflés du printemps dernier pour des blouses obtenues une fois la pénurie pratiquement terminée. C’est là, à son avis, où le bât blesse.
Jusqu’ici, le gouvernement a refusé les demandes d’information permettant d’évaluer le coût unitaire des blouses. Ce refus a fait dire aux partis d’opposition aux Communes qu’Ottawa manque de transparence dans le dossier.
Propriété d’un homme d’affaires d’Ottawa, Mike Caron, la petite compagnie sélectionnée pour le contrat, Proline Advantage, ne semble disposer que d’une expérience limitée en matière d’équipement médical.
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