Le Journal de Montreal

Longueuil aurait contribué à son problème de cerfs

La ville a nourri les bêtes durant 20 hivers sur le site maintenant trop fréquenté

- CÉDÉRICK CARON

La Ville de Longueuil aurait possibleme­nt contribué au phénomène qui la force aujourd’hui à tuer une quinzaine de cerfs de Virginie en les nourrissan­t pendant une vingtaine d’années.

«Ce n’était pas une super bonne idée de faire ça. […] Ça peut fidéliser les animaux à un site. […] Il y a des risques de générer plus de problèmes de cohabitati­on», affirme Martin-Hugues St-Laurent, professeur à l’Université du Québec à Rimouski spécialist­e en écologie animale et en gestion de la faune terrestre.

Mardi, Longueuil a annoncé être dans l’obligation de tuer une quinzaine de cerfs de Virginie sur les 32 bêtes estimées qui ont élu domicile dans le parc MichelChar­trand afin de protéger l’écosystème et la biodiversi­té de l’endroit.

Selon ce qu’a appris le Journal, la Ville a nourri les bêtes en période hivernale pendant une vingtaine d’années. Une pratique qui a stoppé en 2017.

Selon le porte-parole administra­tif de la Ville, Carl Boisvert, Longueuil a agi au meilleur de sa connaissan­ce pour tenter de maintenir les cerfs dans le parc et éviter qu’ils ne provoquent d’accidents en allant chercher de la nourriture ailleurs.

«C’est quelque chose qui n’aurait pas dû être fait [nourrir les cerfs]», estime Yvan Landry président de l’organisme Les amis du parc Michel-Chartrand.

Ce dernier est d’accord avec la décision de la Ville et soutient que si rien n’est fait «on verra d’un côté à l’autre du parc» d’ici 10 ans tellement la végétation sera ravagée.

Jérôme Dupras, professeur à l’Université du Québec en Outaouais et spécialist­e en aménagemen­t et planificat­ion du territoire, croit que le fait de nourrir les cervidés a «probableme­nt eu un impact sur la fréquentat­ion du site» par les bêtes.

MEILLEURE SOLUTION

Les professeur­s St-Laurent et Dupras s’entendent pour dire que la solution choisie par la Ville, soit de capturer les bêtes pour ensuite les abattre et distribuer la viande à des organismes d’aide alimentair­e, était la meilleure à court terme.

«Il ne faut pas se mettre la tête dans le sable par contre. La situation va revenir si on ne fait que ça» soutient M. St-Laurent en indiquant que c’est tout le territoire de la Rive-Sud qui connaît un phénomène de surpopulat­ion de cerfs de Virginie en raison de la nourriture abondante qu’ils retrouvent sur les terres agricoles et la faible présence de prédateurs naturels comme le coyote.

«Il faut, entre autre, penser à réaménager le territoire avec des corridors verts qui permettent un meilleur déplacemen­t des bêtes, des prédateurs et des autres organismes vivants», explique M. Dupras.

L’OPPOSITION S’ORGANISE

Cette décision d’abattre des cerfs a été vivement critiquée sur les réseaux sociaux depuis son annonce mardi.

Hier en fin d’après-midi, une pétition «Contre l’abattage des cerfs du parc Michel-Chartrand de Longueuil» avait récolté plus de 17 000 signatures.

La même personne qui est derrière la pétition organise aussi une manifestat­ion samedi à 13 h au parc en question.

 ?? PHOTO BEN PELOSSE ?? Avec une trentaine de cerfs de Virginie qui fréquenten­t le parc Michel-Chartrand à Longueuil, il n’est pas rare de faire une rencontre comme celle notre photograph­e et des gens qui marchaient dans les sentiers hier.
PHOTO BEN PELOSSE Avec une trentaine de cerfs de Virginie qui fréquenten­t le parc Michel-Chartrand à Longueuil, il n’est pas rare de faire une rencontre comme celle notre photograph­e et des gens qui marchaient dans les sentiers hier.

Newspapers in French

Newspapers from Canada