Un premier gin certifié bio au Québec
Une distillerie de Lanaudière s’apprête à lancer ce mois-ci le premier gin certifié biologique au Québec.
Le Saga Grand Gin biologique est produit à la distillerie Grand Dérangement située à Saint-Jacques, à une quinzaine de kilomètres au sud-ouest de Joliette.
Un des deux propriétaires de l’entreprise, Marcel Mailhot, également agriculteur, dit avoir assez de maïs biologique dans ses champs du village voisin de Saint-Alexis, pour combler les besoins de la distillerie.
«Non seulement on a décidé de produire notre alcool de base nous-mêmes à partir du grain, mais en plus il sera biologique», déclare M. Mailhot.
NORMES INTERNATIONALES
Certifié par Écocert et portant le logo «Biologique Canada», le Saga Grand Gin répond aux normes internationales de certification biologique, ce qui permettra son exportation. Son processus de fabrication respecte les exigences du Règlement sur la salubrité du Canada, ainsi que celles du Conseil des appellations réservées et des termes valorisants (CARTV), qui gère l’appellation bio au Québec.
Ainsi, plus de 95 % des ingrédients servant à sa composition sont certifiés biologiques, c’est-à- dire produits sans utilisation de produits chimiques de synthèse.
En souscrivant à l’appellation biologique, la distillerie Grand Dérangement doit respecter une série d’exigences, couvrant tout le processus de fabrication jusqu’aux produits de nettoyage autorisés pour entretenir les équipements. Elle devra aussi se soumettre aux contrôles réguliers de l’organisme de certification Écocert.
«Les entreprises doivent tenir un registre pour assurer la traçabilité. La balance des ingrédients achetés et des produits vendus est calculée pour s’assurer d’une concordance», explique France Gravel, vice-présidente d’Écocert.
SOUCI DE L’ÉCOLOGIE
Si les exigences sont respectées, le produit fini ne fait pas systématiquement l’objet d’analyse, poursuit France Gravel. «Si on a des doutes, on va le faire analyser en laboratoire pour voir s’il contient des résidus de pesticide. Dans le cas d’un produit issu de la distillation toutefois, je ne sais pas dans quelle mesure on pourrait en retrouver.»
De toutes façons, plus qu’un produit sans résidu chimique, c’est la garantie d’un travail respectant l’environnement qu’ils veulent offrir à leurs clients, disent les distillateurs du Grand Dérangement. «On a le souci de l’écologie et de la proximité. On prend le grain de notre région pour en faire une valeur ajoutée. Pour nous ce n’est pas seulement «du grain à la bouteille», mais «du champ aux champ» qu’on travaille. Le maïs de nos champs est transformé en alcool, et la drêche qui en résulte nourrit des boeufs du coin. On respecte le cycle naturel», explique Marcel Mailhot.
Produire son alcool de base sur place, au lieu d’acheter de l’alcool neutre en vrac comme le fond la majorité des distilleries québécoises, coûte environ trois fois plus cher à l’entreprise, selon M. Mailhot. Pourtant le Saga Grand Gin sera vendu 49,75 $, un prix dans la moyenne. «Avec ça, on couvre nos dépenses, mais pas vraiment plus. Notre espoir est que le gouvernement nous entende et que la majoration perçue par la SAQ (Société des alcools du Québec) sur les ventes directement sur place à la distillerie soit abaissée.»
Selon le registre du CARTV, cinq autres spiritueux, eaux-de-vie de fruits et d’érable, ont reçu la certification biologique, tous vendus sur place chez le producteur. Le Saga Grand Gin est le premier gin et premier spiritueux bio produit au Québec à être vendu sur ses tablettes, confirme la SAQ. Il y sera disponible vers la fin du mois, en magasin et en ligne.