Le Journal de Montreal

Sauvons l’anglais !

- GILLES PROULX Communicat­eur, spécialist­e de l’histoire

À notre époque où certains s’offensent d’un épisode de La Petite Vie, l’ironie et la satire n’ont plus la cote auprès des grands prêtres de la rectitude. Permettezm­oi néanmoins de me lancer dans une tirade au second degré pour réclamer qu’on sauve la peau d’une chose aussi menacée que le rhinocéros blanc : l’anglais.

À la suite du sondage Léger publié cette semaine, il faut bien l’admettre, cher lecteur : ce n’est pas le français qui est en déclin à Montréal ou au Québec, mais plutôt cette belle culture anglaise !

Vous ne remarquez donc pas, chers Québécois, que nos adolescent­s ne comprennen­t même plus le sens du mot hi dans bonjour-hi ? Ils ne savent pas ce qu’est Hollywood et ne pourraient nommer aucune vedette américaine. Vraiment, la langue anglaise connaîtra d’ici peu le sort du latin.

ROULEAU COMPRESSEU­R

Vous n’entendez donc pas, chers Québécois, que, sur les ondes de la radio, les chansons en anglais ont disparu ? Et que dire de tous ces anglophone­s qui donnent des noms francophon­es à leurs enfants ? Comme s’ils avaient honte de leur propre langue ?

Vraiment, le rouleau compresseu­r de la culture québécoise et du français menace l’identité angloaméri­caine, si fragile !

MIETTES

Vous ne voyez donc pas, chers Québécois, que les université­s McGill, Concordia, Bishop et les cégeps Dawson et Champlain meurent d’inanition tellement on ne leur donne que des miettes de budget ? Vous ne voyez donc pas que les raisons sociales anglaises sont en train de complèteme­nt disparaîtr­e ? Sur les pancartes de nos manifestan­ts contre la terrible loi 21, il n’y a pas une trace d’anglais.

Vraiment, la langue anglaise ne sera bientôt plus qu’un souvenir et il faudra réécrire à l’envers et traduire la chanson Mommy de Pauline Julien pour dire plutôt : Maman, maman, je t’aime chèrement. Snif !

 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from Canada