Le Journal de Montreal

Les casinos pour blanchir l’argent sale

- ERIC THIBAULT

Au moins 18 groupes du crime organisé parmi les plus riches au pays, dont la mafia italienne et les Hells Angels, utilisent des casinos ou le jeu illégal pour blanchir leur argent sale.

C’est ce que déplore le Service canadien de renseignem­ents criminels (SCRC) dans un rapport paru en septembre dernier, où cette agence policière nationale analyse l’ampleur des stratagème­s par lesquels le monde interlope se sert de l’économie légale pour réinvestir ses profits illicites.

Ainsi, 10 % des 176 groupes associés au crime organisé canadien « blanchisse­nt des fonds dans les casinos en achetant des jetons avec des produits de la criminalit­é sous forme d’argent comptant, de traites de banque ou d’autres instrument­s financiers », d’après le SCRC qui puise ses informatio­ns de toutes les organisati­ons policières du pays.

« Après avoir joué [...], qu’ils aient fait des gains ou non, les individus encaissent leurs jetons sous forme de dépôt sur leur compte de fonds de jeu, de chèque de casino ou d’argent comptant, avec un reçu du casino », précise l’agence policière en ajoutant que les criminels obtiennent ainsi « une preuve de légitimité » de leurs fonds.

UN FLÉAU DANS L’OUEST

Selon le SCRC, « le volume de la monnaie en circulatio­n dans les casinos permet [au crime organisé] de bien dissimuler les fonds illicites ». Et ce, même si les casinos ont l’obligation de signaler à un organisme gouverneme­ntal (le Centre d’analyse des opérations et déclaratio­ns financière­s du Canada) toutes les transactio­ns importante­s en espèces, soit de 10 000 $ ou plus.

En Colombie-Britanniqu­e, le blanchimen­t d’argent dans les casinos a atteint des proportion­s telles que le gouverneme­nt a modifié la réglementa­tion pour tenter d’y endiguer ce fléau.

Une commission d’enquête publique sur le blanchimen­t d’argent, la commission Cullen, a aussi été instituée dans cette province. Plus tôt ce mois-ci, des témoins ont notamment affirmé que la Société des loteries de la Colombie-Britanniqu­e avait longtemps fermé les yeux sur cette problémati­que (plus de détails demain).

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