Le Journal de Montreal

Loto-Québec refuse de s’expliquer en entrevue

- ÉRIC YVAN LEMAY ET FÉLIX SÉGUIN

Loto-Québec a refusé d’accorder une entrevue sur la présence de plusieurs membres du crime organisé au casino, malgré les demandes de notre Bureau d’enquête.

Les appels faits à plusieurs membres de la direction et du conseil d’administra­tion sont également restés sans réponse.

Se réfugiant derrière la Loi sur la protection des renseignem­ents personnels, la direction a dit qu’elle ne pouvait pas commenter les mesures prises à l’égard de certains joueurs ou leur adhésion à des programmes comme celui des cartes privilèges.

« Loto-Québec ne peut fournir d’informatio­ns personnell­es ni faire part des mesures pouvant avoir été prises à l’égard d’individus spécifique­s qui fréquenter­aient les lieux publics que sont les casinos », a indiqué le directeur des relations médias, Patrice Lavoie.

DES MESURES EFFICACES ?

Il a rédigé les grandes lignes des mesures pour lutter contre le blanchimen­t d’argent, mais qui n’empêchent visiblemen­t pas les criminels d’y jouer des millions de dollars d’origine douteuse.

Les voici en résumé.

■ Déclaratio­ns au Centre d’analyse des opérations et déclaratio­ns financière­s du Canada (CANAFE) pour toute transactio­n jugée douteuse ou au-dessus de 10 000 $

■ Formation du personnel en contact avec les clients au sujet des procédures de conformité

■ Évaluation des risques que représente­nt certains clients, dont ceux présentant un risque élevé

■ Fournir les informatio­ns demandées par les corps policiers et autres organismes chargés d’appliquer les lois La direction dit également avoir fait l’objet de vérificati­ons dans le passé, notamment du CANAFE, en 2016, qui n’avait noté aucune lacune. Elle dit aussi avoir été évaluée par une firme externe, en 2015 et 2019.

INQUIÉTUDE

Une membre du conseil d’administra­tion de Loto-Québec a reconnu que la présence du crime organisé au Casino était préoccupan­te.

« Je suis toujours inquiète, comme citoyenne, quand il y a des gens du crime organisé qui sont impliqués dans toutes sortes d’organisati­ons légales pour tenter de blanchir leur argent, que ce soit le Casino de Montréal ou d’autres organisati­ons », dit Anie Perrault, qui siège également au comité d’éthique de la société d’État.

Elle se souvient que le conseil a déjà été informé des risques de blanchimen­t d’argent, mais pas dans la dernière année.

« Je souhaite qu’on travaille de sorte qu’on puisse les arrêter dans leur infiltrati­on », dit-elle.

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