L’argent suivi à la trace
L’argent joué par Leonardo Rizzuto, le fils du défunt parrain Vito Rizzuto, et un autre leader de la mafia, Stefano Sollecito, a fait l’objet de plusieurs déclarations d’opérations douteuses au CANAFE, un organisme fédéral qui lutte contre le blanchiment d’argent. Voici quelques constats faits dans ces rapports rédigés en 2014 et 2015.
UN RIZZUTO AU CASINO
■ Dans la soirée du 22 janvier 2015, la présence de Leonardo Rizzuto, fils de Vito Rizzuto, attire l’attention des enquêteurs du Casino. On note qu’il a fait des gains de 20 000 $ après avoir acheté pour plus de 16 000 $ de jetons en payant avec de l’argent comptant. « La provenance des espèces que possède M. Rizzuto (fils) est douteuse », lit-on dans le rapport.
67 HEURES DE JEU
■ Du 3 avril au 2 novembre 2014, Stefano Sollecito a joué durant 67 heures et 45 minutes pour des dépenses totales de 893 850 $, dont 88 750 $ de gains.
OPÉRATION DOUTEUSE
■ Le 10 décembre 2014, un gestionnaire des caisses du Casino signale une opération douteuse. Stefano Sollecito a acheté pour 3000 $ de jetons et son partenaire de jeu, Cosimo Chimienti, pour 10 000 $. Or, les deux hommes ont joué en commun et partagé les gains en parts égales, soit 20 000 $ chacun. Sollecito a demandé à être payé par chèque. « Monsieur Sollecito veut-il légitimer des espèces en demandant un chèque pouvant justifier de l’argent illégalement obtenu ? » indique-t-on dans le rapport.
JETONS PARTAGÉS
■ Le 21 février 2014, Stefano Sollecito est vu en train de jouer avec Stephen Fedele et Cosimo Chimienti. Ces deux derniers sont vus sur les caméras remettant jusqu’à 10 000 $ en jetons à Sollecito. « Il est inhabituel de voir des clients remettre en jetons des sommes considérables à un autre client pour ses fins de jeu. »
CHÈQUE DE 30 000 $
■ Au début de 2014, la Banque Nationale dénonce une opération douteuse lorsqu’un chèque de 30 000 $ en provenance du Casino est déposé dans un compte inactif de Stefano Sollecito, un client jugé à risque élevé de recyclage des produits de la criminalité. Quelques jours plus tard, il tire deux traites bancaires du compte. Une somme de 7240 $ est destinée à C.A.R. Leasing, une compagnie d’autos usagées dirigée par des proches de l’ex-avocat Loris Cavaliere, condamné à la suite de l’opération Magot-Mastiff. Un autre 11 500 $ est envoyé à une agence de voyages. En fouillant parmi ses actionnaires, les autorités de la Banque remarquent que l’un d’eux est associé dans une autre compagnie avec un proche de la mafia montréalaise, Leonardo Paccione, surnommé Dino La Terreur. Selon le rapport, lui et son frère ont été accusés dans l’enquête Colisée, visant le bookmaking (pari) illégal.
DÉNONCÉ PAR LA BANQUE
■ Après l’arrestation de Sollecito, c’est au tour de la Banque TD de dénoncer des opérations douteuses. Le leader mafieux a déposé cinq chèques du Casino totalisant 210 000 $. Il a notamment obtenu des traites bancaires de 170 000 $ à BMW Laval.