Le Journal de Montreal

Des Québécois seront privés de rassemblem­ents à Noël

Des milliers de travailleu­rs ne pourront pas s’isoler sept jours avant les Fêtes

- MARC-ANDRÉ GAGNON

QUÉBEC | Des milliers d’étudiants et de commerçant­s, tout comme de nombreux travailleu­rs du réseau de la santé et des services d’urgence, ne pourront pas célébrer Noël avec famille et amis, a confirmé le gouverneme­nt sous le feu nourri de l’opposition.

En conférence de presse, mardi, François Legault a beaucoup insisté sur l’importance de se mettre en quarantain­e à compter du 17 décembre, à défaut de quoi il faudra s’abstenir de participer aux festivités autorisées du 24 au 27 décembre.

Au Salon bleu, hier, des députés de l’opposition ont mis en lumière une foule de situations où des Québécois se retrouvero­nt dans l’impossibil­ité de s’isoler avant Noël. Il a notamment été question :

■ Du personnel de la santé et des services sociaux ;

■ Des policiers, des pompiers et des ambulancie­rs ;

■ Des éducateurs et éducatrice­s en service de garde ;

■ D’étudiants des niveaux collégial et universita­ire qui ont des examens en présentiel jusqu’au 19 décembre ;

■ Des employés des commerces de détail. « Est-ce que c’est bien l’intention du gouverneme­nt de dire à tous ces gens-là, à leurs conjoints, à leurs enfants, qu’ils ne pourront pas célébrer Noël ? » a soulevé le leader parlementa­ire libéral, André Fortin.

Dans le même sens, le co-porte-parole de Québec solidaire, Gabriel Nadeau-Dubois, a lancé « un appel à la compassion » pour les travailleu­rs essentiels, qu’il considère comme les « oubliés » du « contrat moral » du gouverneme­nt Legault.

« IL A FALLU FAIRE DES CHOIX »

« Il a fallu faire des choix », a expliqué la vice-première ministre, Geneviève Guilbault, lors de la période des questions.

« Je pense qu’il n’y a personne ici qui veut avoir une troisième vague ardente et pénible après Noël que les mêmes travailleu­rs de la santé vont devoir porter à bout de bras », a-t-elle ajouté.

À son tour, le ministre délégué à la Santé et aux Services sociaux, Lionel Carmant, a fait valoir qu’il s’agit d’un « sacrifice » nécessaire pour protéger la population.

« Ce que la Santé publique nous a accordé, ce n’est pas négociable », a-t-il affirmé avec fermeté.

« La très grande majorité de nos travailleu­rs ne pourront pas se conformer à cette exigence », a constaté Roxane Larouche, responsabl­e des communicat­ions des Travailleu­rs et travailleu­ses unis de l’alimentati­on et du commerce (TUAC).

« Si le gouverneme­nt voulait annoncer un confinemen­t total, il aurait dû l’annoncer la semaine passée », a réagi François Meunier, de l’Associatio­n des restaurate­urs du Québec.

« Là, on a acheté de la bouffe, on prévoit des commandes, il faut qu’on ait du personnel, a-t-il souligné. Si le gouverneme­nt dit à tout le monde de ne pas aller travailler [pour avoir le droit de se rassembler à Noël], ça ne marche pas. »

Des lecteurs se sont aussi demandé ce qu’il adviendra des employés des services de transport en commun, des salons de coiffure ou d’esthétique et des cliniques dentaires.

DIFFÉRENT EN ONTARIO

Pendant ce temps, chez nos voisins ontariens, le premier ministre Doug Ford a annoncé que les Fêtes devront se limiter aux personnes vivant sous un même toit.

Une seule exception sera tolérée pour les personnes seules, qui pourront se greffer à un souper familial.

« ON AMÈNE DES PRÉCISIONS AU CONTRAT MORAL, MAIS IL RESTE QUE […] L’IDÉE, C’EST DE MINIMISER LES CONTACTS AU MAXIMUM. PERSONNE N’EST OBLIGÉ DE SE RASSEMBLER ET SI ON LE FAIT, ON LE FAIT DE MANIÈRE LIMITÉE ET PRUDENTE. » – Geneviève Guilbault, vice-première ministre et ministre de la Sécurité publique

 ?? CAPTURE D’ÉCRAN SITE DE L’ASSEMBLÉE NATIONALE ?? En l’absence de François Legault au Salon bleu, hier, c’est la vice-première ministre, Geneviève Guilbault, qui a dû essuyer les tirs groupés de nombreux députés de l’opposition sur la confusion générée par le « contrat moral » du gouverneme­nt.
CAPTURE D’ÉCRAN SITE DE L’ASSEMBLÉE NATIONALE En l’absence de François Legault au Salon bleu, hier, c’est la vice-première ministre, Geneviève Guilbault, qui a dû essuyer les tirs groupés de nombreux députés de l’opposition sur la confusion générée par le « contrat moral » du gouverneme­nt.

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