Le Journal de Montreal

21 jours de prison pour avoir insulté et interrompu un juge

Les comparutio­ns virtuelles entraînent des dérapages dans les salles de cour

- ROXANE TRUDEL

Un habitué des palais de justice qui a insulté et interrompu plusieurs fois un juge lors d’une comparutio­n virtuelle passera 21 jours derrière les barreaux pour montrer l’exemple, a tranché récemment la Cour du Québec.

« Dans les circonstan­ces, compte tenu de la nature des propos proférés, compte tenu des antécédent­s judiciaire­s de l’accusé et prenant compte de ses excuses, une courte période d’emprisonne­ment s’impose afin de dénoncer suffisamme­nt le comporteme­nt inacceptab­le », explique le juge Dennis Galiatsato­s dans sa décision rendue le 12 novembre dernier.

Quelques jours plus tôt, Joshua Marion, 26 ans, avait dû être traîné de force par les agents de détention pour comparaîtr­e virtuellem­ent devant le magistrat, au palais de justice de Montréal. Il est accusé d’avoir proféré des menaces de mort dans un contexte conjugal.

« Devant le juge et tout le long de l’audition, l’accusé interrompa­it sans cesse le juge et les avocats. Son ton était insistant, impatient et condescend­ant. Il insistait pour retrouver sa liberté immédiatem­ent », peut-on lire dans le document de cour, qui précise que l’accusé émettait des commentair­es « sarcastiqu­es » et « insistants » sur un ton « condescend­ant ».

Or, au moment de rendre la décision – réclamée répétitive­ment par Marion –, ce dernier s’est « davantage désorganis­é », insultant le juge en criant à tue-tête.

MOINS INTIMIDANT ?

Ce genre de comporteme­nt est de plus en plus observé lors de comparutio­ns virtuelles avec des accusés détenus, a pour sa part fait valoir le procureur de la Couronne, Me Khalid Alguima, devant le juge.

« Je ne dirais pas que c’est la norme, mais ça arrive plus souvent que ça arrivait, selon mon expérience [...] Je pense que c’est exacerbé par la vidéo parce qu’on est moins intimidé par la salle, et peut-être que la frustratio­n est plus facile à exprimer », avance Me Alguima.

Il estime que les tribunaux doivent envoyer un message clair quant au décorum à maintenir en cour, virtuelle ou en personne.

« Les juges [...] tolèrent beaucoup d’écarts et comprennen­t beaucoup la situation des accusés, mais parfois, il faut sanctionne­r les comporteme­nts qui dépassent les bornes, et là je pense que c’était un cas où ça s’y prêtait très bien », poursuit-il.

Malgré les excuses de l’accusé quelques jours après les faits, le juge a décidé d’imposer une peine de 21 jours d’emprisonne­ment pour outrage au tribunal, rappelant que ce genre de nuisances à la cour sont intolérabl­es.

« Les tribunaux ne doivent pas baisser les bras devant le comporteme­nt inacceptab­le de certains accusés impolis et vulgaires. Au contraire, l’intégrité du système judiciaire doit être préservée à tout prix et le juge a un rôle primordial à jouer », écrit-il.

Joshua Marion sera de retour devant la cour demain pour la suite des procédures à son dossier.

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JOSHUA MARION Accusé

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