Le Journal de Montreal

Un casier judiciaire pour avoir menacé Legault et Arruda

- ANTOINE LACROIX

Un camionneur qui a plaidé coupable d’avoir menacé de mort le premier ministre François Legault et le Dr Horacio Arruda au printemps a appris à la dure que ses gestes ont des conséquenc­es en se retrouvant avec un casier judiciaire.

« Le tribunal estime que proférer des menaces de mort par écrit ou en laissant des menaces dans une boîte téléphoniq­ue est aussi sérieux que si cela avait été fait directemen­t à la personne. L’intention est de proférer la menace, a souligné le juge François Landry. L’aspect dénonciati­on et dissuasion doit primer dans l’évaluation de la peine. »

Philippe Côté a été condamné à une probation de deux ans avec une sentence suspendue. S’il ne respecte pas ses conditions, il pourrait se retrouver incarcéré.

Le camionneur de 47 ans, qui se trouvait alors aux États-Unis pour le travail, avait laissé deux messages sur la boîte vocale du bureau de circonscri­ption du premier ministre, François Legault, où il avait tenu des propos menaçants aussi à l’égard du directeur national de la santé publique, Horacio Arruda.

THÉORIE DU COMPLOT

Il avait mentionné qu’il voulait se procurer des armes à feu et qu’il voulait leur tirer « une balle entre les deux oreilles », en les insultant de manière agressive.

À son retour au Canada, il avait été intercepté par des douaniers qui ont fouillé son camion. Ils avaient découvert des bouts de papier « prônant différente­s théories du complot politique ». Une fois qu’il a été libéré des douanes, des policiers de la Sûreté du Québec l’ont arrêté.

En octobre dernier, Philippe Côté a reconnu sa culpabilit­é et a même lu une lettre d’excuse adressée à ses deux victimes.

« C’est un acte complèteme­nt irréfléchi que j’ai fait. Je n’arrive pas à comprendre pourquoi j’ai agi de cette façon. [...] J’ai complèteme­nt perdu la tête, a-t-il avoué au juge. J’ai conscience de la gravité de mes paroles et je m’en excuse profondéme­nt. »

Même s’il a estimé que les excuses étaient sincères, le juge Landry n’a pas suivi la suggestion de l’avocat de la défense d’accorder une absolution conditionn­elle à Côté, qui lui aurait ainsi évité d’avoir un casier.

CONTEXTE SOCIAL PARTICULIE­R

« Mon client est certaineme­nt déçu [de se retrouver avec un casier], mais comprend et respecte le jugement, puisque nous nous retrouvons en ce moment dans un contexte social très particulie­r », a indiqué Me Olivier Morin.

Rappelons que de nombreuses personnali­tés politiques ont été menacées de mort, surtout sur les réseaux sociaux, par des individus en colère à cause de mesures sanitaires imposées pour contrer la pandémie de COVID-19.

Philippe Côté devra également suivre une thérapie pour la gestion de la colère, ne pourra entrer en contact de quelconque manière avec le premier ministre et le Dr Arruda et il lui sera interdit de posséder des armes à feu pour une période de 5 ans.

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