Donald Trump ne partira pas en douce
Un président sortant garde ses pouvoirs pendant la transition et Donald Trump n’hésitera pas à s’en servir pour promouvoir ses intérêts et nuire à son successeur.
La présidence de Donald Trump sera controversée jusqu’au dernier moment.
Son refus d’admettre la défaite et son insistance à convaincre ses millions de partisans de l’illégitimité du prochain président ont déjà démontré qu’il ne partira pas sans empoisonner l’atmosphère.
Et ce n’est pas fini. Même si les horaires quotidiens d’activités publiques du président sont singulièrement vides, il ne chômera pas d’ici au 20 janvier.
SEMER DES OBSTACLES
En politique étrangère, Donald Trump ne s’encombre pas de la réserve dont font habituellement preuve les présidents sortants. Par exemple, il a annoncé le retrait des États-Unis du traité Ciels ouverts, qui permet des reconnaissances aériennes dans le cadre d’accords de désarmement.
Joe Biden a déjà signifié son intention de réintégrer ce traité, mais Trump a ordonné que les avions affectés à cette surveillance soient envoyés immédiatement à la ferraille, ce qui compliquerait singulièrement les choses.
Vladimir Poutine ne s’en plaindra pas. La Russie grogne contre ce traité depuis belle lurette et pourrait profiter du départ américain pour justifier son propre retrait.
Ce geste n’était pas une surprise, mais on s’attend désormais à ce que d’autres décrets présidentiels viennent semer des obstacles dans le chemin de Biden.
Hier, le président annonçait sa décision de gracier son premier conseiller à la sécurité nationale, Michael Flynn, qui avait plaidé coupable à des accusations criminelles d’avoir menti sous serment avant de retirer ce plaidoyer plus récemment.
Ce pardon fait suite à celui accordé à Roger Stone et signale la forte probabilité que d’autres pardons suivent pour les proches de Trump comme Steve Bannon ou Paul Manafort, sans parler des pardons « préventifs » que le président pourrait accorder à des membres de sa famille — ou à lui-même — pour les immuniser contre toute poursuite criminelle au niveau fédéral.
Si on ajoute à cela les revanches qu’il a déjà prises contre ceux qu’il jugeait déloyaux et qu’il pourrait encore prendre avant son départ, il est clair qu’il ne reculera devant rien pour user ou abuser de son pouvoir afin de promouvoir ses intérêts personnels et politiques.
La présidence de Trump sera controversée jusqu’au dernier moment.
POLITIQUE DE LA TERRE BRÛLÉE
Au-delà des gestes déjà commis, on peut se demander jusqu’où ira Donald Trump dans cette tactique visant manifestement à nuire le plus possible à ses adversaires ou détracteurs, peu importe leur parti.
Déjà, ceux qui se préparent à prendre le relais dans la gestion de la pandémie ont perdu de précieuses semaines à cause des obstacles qu’il a semés et, dans plusieurs ministères, les responsables démocrates de la transition s’attendent à des entourloupes.
Même les républicains sont pétrifiés à l’idée de contrarier celui qui parle de revenir en 2024 et qui pourrait continuer à nuire à ceux qu’il juge déloyaux pendant longtemps même s’il ne revient pas.
Comme la présidence Trump, cette transition nous en fera voir de toutes les couleurs.