Le Journal de Montreal

Être plus humble et plus clair

- HAROLD FORTIN Ex-conseiller du premier ministre Couillard harold.fortin@quebecorme­dia.com

Pour le gouverneme­nt caquiste, communique­r ce qui est imprévisib­le, incertain ou qui évolue continuell­ement, ce n’est pas facile. L’opération est complexe et on le comprend, mais les dérapages des derniers jours démontrent qu’il est temps qu’il se ressaisiss­e.

Depuis le début de la pandémie, la CAQ fait son possible pour protéger la santé des Québécoise­s et des Québécois. Elle fait face à une forte pression et comme des spécialist­es de la gestion de crise le notent souvent, ce contexte peut miner le jugement et la perception des événements.

DONNEURS DE LEÇON

Questionné­e sur le soutien accordé par le gouverneme­nt aux PME, la ministre déléguée au Développem­ent économique régional, Marie-Eve Proulx, a carrément inventé que le député libéral de Nelligan, Monsef Derraji, aurait recommandé aux Québécois, lors d’une entrevue radio, de ne pas respecter les consignes sanitaires.

J’ai écouté l’entrevue et n’ai jamais entendu les propos rapportés par la ministre Proulx. Outre le fait que son affirmatio­n est fausse, je ne vois pas comment la ministre a pu percevoir que son adversaire politique, candidat au doctorat en santé publique, spécialisé en organisati­on des soins, aurait pu encourager la population à défier les règles sanitaires.

Cet épisode nous démontre à quel point il est difficile pour les parlementa­ires de questionne­r le gouverneme­nt sur les enjeux qui préoccupen­t la population et comparer les agissement­s du Québec à ceux de ses voisins. Les vieux réflexes partisans reviennent dans la bouche de certains ministres qui tentent de réduire la crédibilit­é de leurs adversaire­s par une remise en question de leur engagement à notre lutte commune contre la COVID-19.

Cette attitude est contraire à l’humilité exigée par le premier ministre lui-même lors de son arrivée aux commandes de l’État, il y a plus de deux ans.

L’EXÉCUTION DES LIGNES DE PRESSE

Au début de la crise, il était possible pour le gouverneme­nt d’ajuster le tir au fur et à mesure. C’était même une suggestion de l’OMS.

Maintenant, plus de huit mois après le début de la pandémie, on ne peut se permettre un manque de clarté quand on a le loisir de choisir le moment d’une annonce.

La semaine dernière, le gouverneme­nt nous a dit que nous aurions quatre jours durant lesquels nous pourrions voir nos proches pendant la période des Fêtes. Moins d’une semaine plus tard, on nous indique que ce moment sera réduit de moitié.

De tels changement­s, sans faits nouveaux qui l’expliquent, créent de la confusion et minent la confiance du public.

Je crois que la clarté du message et la cohérence, c’est le travail du politique et pas de la fonction publique.

On ne s’attend pas à ce que notre gouverneme­nt élu ait toutes les réponses à nos questions, mais s’il choisit le moment d’une annonce et monopolise les ondes pour le faire, c’est sa responsabi­lité d’être clair sur les processus et l’exécution, et pas juste sur le contenant.

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La ministre Proulx doit se concentrer sur le contenu bien plus que le contenant, puisque la partisaner­ie n’est pas un chapeau qui lui va bien.
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