Parlez-vous le « bilingue » ?
Certains clichés ont la couenne dure. Très dure. Trop dure. Prenez celui-ci, connu comme Barabbas dans la Passion.
Si de plus en plus de francophones s’inscrivent à un cégep anglophone, ce serait, qu’on nous répète depuis belle lurette, parce qu’on enseigne trop mal l’anglais au secondaire.
Pour devenir « bilingue », il faudrait donc s’immerger au cégep dans la langue du Globe & Mail. D’où l’opposition marquée de nombreux francophones à l’imposition de la loi 101 au niveau collégial. Laquelle, d’un trait, les priverait de leur « libre choix » de la langue d’enseignement après le secondaire.
DÉJÀ FULL BILINGUES
Cette même opposition, comme pour tous ses prédécesseurs, est partagée par le premier ministre François Legault. Mardi, à la période de questions, il fut d’une clarté cristalline : « On n’a pas l’intention d’étendre la loi 101 aux cégeps et d’interdire aux francophones d’aller au cégep en anglais ».
Or, qu’en est-il vraiment ? Il y a quelques années, en se basant sur les données de Statistique Canada, Charles Castonguay, mathématicien et expert renommé en matière linguistique, remettait les pendules à l’heure.
Je le cite : « Parmi les 20-29 ans au Québec en 2011, 78 % des anglophones se déclaraient bilingues, comparé à 57 % des francophones. Dans la région de Montréal, l’écart se rétrécit encore plus, à 80 % et 70 % respectivement. Dans l’île, c’est 78 % et 79 %. Ces jeunes francophones montréalais sont donc rendus un tantinet plus bilingues que les anglophones. »
COEUR DU PROBLÈME
Bref, dans la région montréalaise, nul besoin d’aller à un cégep anglophone pour apprendre l’anglais. Une vaste majorité de jeunes francophones étant déjà bilingues.
Ce qui nous amène au véritable coeur du problème : l’anglicisation d’une part importante des allophones qui, au moment de faire leurs études supérieures, délaissent le français pour lui préférer l’anglais.
Le vrai prix à payer pour le « libre choix » de la langue d’enseignement au niveau collégial, il est là. Un prix lourd. J’y reviendrai demain plus en détail.