Le Journal de Montreal

Parlez-vous le « bilingue » ?

- JOSÉE LEGAULT Blogueuse au Journal Politologu­e, auteure, chroniqueu­se politique josee.legault@quebecorme­dia.com @joseelegau­lt

Certains clichés ont la couenne dure. Très dure. Trop dure. Prenez celui-ci, connu comme Barabbas dans la Passion.

Si de plus en plus de francophon­es s’inscrivent à un cégep anglophone, ce serait, qu’on nous répète depuis belle lurette, parce qu’on enseigne trop mal l’anglais au secondaire.

Pour devenir « bilingue », il faudrait donc s’immerger au cégep dans la langue du Globe & Mail. D’où l’opposition marquée de nombreux francophon­es à l’imposition de la loi 101 au niveau collégial. Laquelle, d’un trait, les priverait de leur « libre choix » de la langue d’enseigneme­nt après le secondaire.

DÉJÀ FULL BILINGUES

Cette même opposition, comme pour tous ses prédécesse­urs, est partagée par le premier ministre François Legault. Mardi, à la période de questions, il fut d’une clarté cristallin­e : « On n’a pas l’intention d’étendre la loi 101 aux cégeps et d’interdire aux francophon­es d’aller au cégep en anglais ».

Or, qu’en est-il vraiment ? Il y a quelques années, en se basant sur les données de Statistiqu­e Canada, Charles Castonguay, mathématic­ien et expert renommé en matière linguistiq­ue, remettait les pendules à l’heure.

Je le cite : « Parmi les 20-29 ans au Québec en 2011, 78 % des anglophone­s se déclaraien­t bilingues, comparé à 57 % des francophon­es. Dans la région de Montréal, l’écart se rétrécit encore plus, à 80 % et 70 % respective­ment. Dans l’île, c’est 78 % et 79 %. Ces jeunes francophon­es montréalai­s sont donc rendus un tantinet plus bilingues que les anglophone­s. »

COEUR DU PROBLÈME

Bref, dans la région montréalai­se, nul besoin d’aller à un cégep anglophone pour apprendre l’anglais. Une vaste majorité de jeunes francophon­es étant déjà bilingues.

Ce qui nous amène au véritable coeur du problème : l’anglicisat­ion d’une part importante des allophones qui, au moment de faire leurs études supérieure­s, délaissent le français pour lui préférer l’anglais.

Le vrai prix à payer pour le « libre choix » de la langue d’enseigneme­nt au niveau collégial, il est là. Un prix lourd. J’y reviendrai demain plus en détail.

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