Les shylocks en mènent large
Enquête fermée au casino après qu’un client eut été approché pour livrer du cannabis
Une enquête au Casino de Montréal a été fermée sans explication après que les enquêteurs eurent découvert qu’un client s’était fait proposer de transporter un camion rempli de cannabis pour rembourser ses dettes de jeu.
Les enquêteurs du Casino avaient découvert l’an dernier qu’un client s’est fait offrir de transporter de la drogue.
Leur enquête visait initialement à identifier les prêteurs (shylocks) présents au salon des hautes mises du Casino.
On soupçonnait alors Thi Mi Nguyen d’être l’une des plus importantes prêteuses au casino.
Celle-ci jouait régulièrement au salon des hautes mises et on soupçonnait d’autres prêteurs de travailler avec elle.
Ces révélations s’ajoutent à celles rapportées par notre Bureau d’enquête sur la présence de plusieurs membres du crime organisé au Casino, lesquelles ont fait dire hier au premier ministre François Legault que la situation était « inacceptable » (voir texte en page 6).
L’un des leaders de
la mafia montréalais, Stefano Sollecito, s’est même fait offrir des privilèges par le Casino, comme des repas au restaurant et des chambres d’hôtel gratuitement.
CRIME ORGANISÉ
Au milieu des années 2000, Nguyen avait été condamnée pour sa participation à un réseau de trafic de cannabis estimé à 18 millions $.
Elle agissait comme intermédiaire entre le crime organisé asiatique et la mafia italienne.
Celle-ci était la belle-mère d’Anthony Di Maulo, le dirigeant du réseau et neveu du défunt mafieux Joe Di Maulo.
Après l’auto-exclusion du Casino de Nguyen, l’an dernier, les enquêteurs de la maison de jeux ont voulu savoir qui prendrait sa relève.
L’enquête baptisée « Manucure » leur a permis d’identifier une dizaine de prêteurs ainsi qu’une vingtaine de leurs clients.
TRANSPORT DE CANNABIS
L’enquête a également permis d’entrer en contact avec certains des clients qui devaient de l’argent.
Pris à la gorge, l’un d’eux a raconté qu’on lui avait offert de transporter un véhicule rempli de cannabis jusqu’à Toronto.
Le dossier a alors été transmis au Service de police de la Ville de Montréal (SPVM). La direction du Casino aurait ensuite mis un terme à l’enquête interne.
« Le dossier [Manucure] n’a jamais abouti nulle part », déplore une source.
EXPULSION
Une affirmation démentie par la présidente et chef de la direction de Loto-Québec, Lynne Roiter.
« Je ne peux pas supporter ce que vous dîtes. Ce que je comprends du dossier, c’est qu’il y a eu des gens qui ont été expulsés du casino et on n’a pas mis fin au projet parce que la surveillance continue sur le plancher », dit-t-elle.
Ironiquement, ce sont des problèmes de jeu qui auraient mené Thi Mi Nguyen vers la criminalité au début des années 2000.
« La fréquentation des maisons de jeux et votre propension au jeu vous ont conduit vers des difficultés financières et vers la fréquentation d’individus criminalisés », indique une décision de la Commission des libérations conditionnelles du Canada de 2009.
Indignation de la classe politique et réaction de Loto-Québec en page 6