Les pensées secrètes de François Legault
ÉPUISEMENT
denise.bombardier@quebecormedia.com
L’homme n’a rien d’un ténébreux. Il n’est ni sombre ni mystérieux. Cela n’exclut pas que le premier ministre ne soit pas un homme tourmenté par les temps qui courent.
Aucun de ses prédécesseurs à la tête du Québec n’a eu à affronter une pandémie. Aucun n’a eu à jouer le rôle de protecteur du peuple comme lui. Et aucun n’a été confronté aux graves difficultés qui consistent à gouverner dans la tempête de la COVID-19, un microbe invisible, imprévisible et ultimement mortel.
François Legault à ce jour commande le respect et la reconnaissance. D’ailleurs, il a la confiance d’une majorité des Québécois. Le défi qu’il doit relever exige une capacité à s’ajuster à la réalité sanitaire du moment, une empathie à saisir la détérioration du moral des Québécois et une disposition personnelle à susciter l’espoir de nous en sortir collectivement.
Depuis le début de cette crise, donc, François Legault a mis en veilleuse, en quelque sorte, les objectifs politiques qui assureront son avenir au pouvoir. Et les sondages actuels sont favorables à sa réélection en 2022.
Or voilà que surgit, avant même notre sortie de pandémie, le débat fondamental autour de la langue. Cette fois, François Legault, épuisé par des mois accablants où il a navigué à vue, doit justifier son refus de rouvrir la loi 101 qui, à ce jour, oblige les francophones et les immigrants à fréquenter le système français jusqu’à la fin du cours secondaire seulement. Plusieurs croient plutôt qu’il faut l’étendre jusqu’à la fin du collégial.
Le premier ministre connaît comme tout le monde l’anglicisation des francophones et des immigrants qui choisissent de plus en plus de poursuivre leurs études collégiales en anglais. Le collège Dawson devenu trop petit attend de sa part une subvention de 50 millions promise par les libéraux de Philippe Couillard. François Legault oublie peut-être qu’il a été porté au pouvoir par une majorité de francophones nationalistes.
Sans doute certains membres du cabinet Legault appartenant au monde des affaires font-ils pression sur le premier ministre. Ou alors, se peut-il que François Legault, à la manière de beaucoup de Québécois, ait une espèce de complexe face à l’anglais, qu’il ne parle pas avec aisance et fluidité ?
RISQUE
Il serait trop risqué à la fin du cours secondaire de laisser des jeunes qui, répétons-le, ne maîtrisent pas le français écrit et parlé et ne connaissent guère la littérature et l’histoire accéder aux études en anglais qui les angliciseraient culturellement.
Le bilinguisme personnel est un avantage dans toutes les cultures. Mais au
Québec, il est primordial d’assurer un enseignement en français d’une qualité supérieure qui permet d’introduire l’anglais sans contaminer un français déjà déficient.
Le premier ministre Legault ne ralliera jamais les anglophones et allophones à sa vision laïque et à son combat pour assurer à l’identité québécoise d’être un barrage à l’assimilation multiculturelle canadienne.
Le gouvernement caquiste est né du double refus des référendums de 1980 et 1995. François Legault incarne le réalisme politique. Ses supporters sont des modérés, mais cela ne signifie pas qu’ils vont trahir leur foi dans un Québec français. Quelles sont les véritables pensées de François Legault à propos du français ?
François Legault confronté.