Le Journal de Montreal

Un trio arrêté pour le vol d’identité de milliers de profs

Des victimes craignent cependant d’en subir à nouveau les conséquenc­es

- JONATHAN TREMBLAY

Trois Montréalai­s ont finalement été épinglés hier par la Sûreté du Québec pour un vol massif de données personnell­es et de fraudes aux dépens de milliers d’enseignant­s à travers la province.

La présumée tête dirigeante de cette affaire, Rath Pak, 41 ans, ainsi que Frédéric Lapointe, 41 ans, et Jimmy Saintelien, 39 ans, ont été libéré sous promesse de comparaîtr­e, après avoir été arrêtés en matinée par la Sûreté du Québec (SQ).

Le trio devrait être accusé à une date ultérieure d’avoir orchestré un stratagème de vol d’identités et de fraudes qui a possibleme­nt mis à risque les données personnell­es de la majorité des enseignant­s et ex-enseignant­s de la province, soit plus de 360 000 personnes.

« L’un d’eux a été arrêté une première fois en février 2019. Les deux autres avaient été rencontrés. Il n’y avait pas eu d’accusation­s à l’époque », a précisé hier le sergent de la SQ Louis-Philippe Bibeau, pour justifier cette deuxième frappe.

Au printemps 2018, les suspects, qui faisaient partie d’une « petite structure » organisée, auraient profité d’une brèche informatiq­ue pour subtiliser ces données.

Avec celles-ci, ils auraient créé de faux permis de conduire et falsifié des cartes d’assurance maladie pour obtenir des cartes de crédit, notamment.

Puis, une « anomalie de connexion » aurait vendu la mèche des malfaiteur­s.

L’enquête, baptisée « Précieux », avait ensuite mené à cinq saisies lors desquelles avait été trouvée une clé USB contenant les numéros d’assurance sociale, noms, prénoms et dates de naissance de 51 400 profs.

ENCORE DES RISQUES

Plus récemment, Le Journal rapportait que certains avaient été victimes de demandes de PCU à leur nom. Ces cas laissent présager que leurs infos pourraient avoir circulé sur le dark web.

« Avec les vols de données chez Desjardins et Capital One, je ne sais même pas quelle est la [vraie] cause, se désole Martin Guay, un enseignant de Rouyn-Noranda dont l’identité a été usurpée. Mais je suis content de voir qu’il y a un aboutissem­ent avec des arrestatio­ns. »

Ce coup de filet s’avère une « bonne nouvelle » pour d’autres victimes également, sans toutefois les rassurer quant aux possibles conséquenc­es futures.

« J’ai juste abandonné, dit de son côté un prof qui a préféré rester anonyme. Je suis sûr que mes données circulent partout. Et notre employeur n’a pas bien géré la situation. Il a mis du temps à reconnaîtr­e que nos données avaient été mises à risque. Je trouve qu’il l’a échappé. »

« Comment peut-on être dédommagés ? Ma cote de crédit est affectée. Je paie trop d’intérêts sur mon hypothèque, déplore François Charland, 35 ans, père de famille et enseignant en mathématiq­ues à Québec. En fin de compte, les banques sont contentes. Elles ont touché l’argent et les intérêts, et c’est nous qui absorbons. C’est ce que je trouve le plus aberrant. »

- Avec Axel Marchand-Lamothe et Arnaud Koenig-Soutière

 ?? PHOTOS MAXIME DELAND AGENCE QMI ET TIRÉE DE FACEBOOK ?? La tête dirigeante présumée de cette affaire, Rath Pak, buvant un café et grillant une cigarette à l’extérieur du quartier général de la Sûreté du Québec rue Parthenais à Montréal hier. En mortaise, l’un des deux autres accusés, Frédéric Lapointe, 41 ans.
PHOTOS MAXIME DELAND AGENCE QMI ET TIRÉE DE FACEBOOK La tête dirigeante présumée de cette affaire, Rath Pak, buvant un café et grillant une cigarette à l’extérieur du quartier général de la Sûreté du Québec rue Parthenais à Montréal hier. En mortaise, l’un des deux autres accusés, Frédéric Lapointe, 41 ans.
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