Le Journal de Montreal

Une sentence qui risque de créer un précédent

La juge dans l’affaire d’Ugo Fredette attendait la décision dans le cas d’Alexandre Bissonnett­e avant de statuer

- NICOLAS SAILLANT

Si elle n’est pas revue, la décision de la Cour d’appel d’abaisser de 40 ans à 25 ans de prison ferme la sentence d’Alexandre Bissonnett­e risque d’avoir un impact direct sur la sentence d’Ugo Fredette, pour qui la Couronne a demandé 50 ans sans possibilit­é de libération conditionn­elle pour un double meurtre.

« Si on donne 25 ans pour deux meurtres, ça équivaut à 12 ans et demi par assassinat, c’est ridicule », fait valoir la mère de Véronique Barbe, Claudette Biard.

Lors des représenta­tions sur sentence d’Ugo Fredette, reconnu coupable du meurtre de sa conjointe Véronique Barbe ainsi que d’Yvon Lacasse, alors qu’il fuyait vers l’Ontario en septembre 2017, la Couronne a exigé une peine ferme de 50 ans de prison.

La juge Myriam Lachance avait cependant pris sa décision en délibéré, dans l’attente de la décision de la Cour d’appel dans le dossier d’Alexandre Bissonnett­e.

La décision des trois juges rendue jeudi d’invalider l’article du Code criminel sur le cumul des peines lors de meurtres multiples risque donc d’avoir un impact direct sur la sentence qu’aura Ugo Fredette.

« C’est choquant, 25 ans pour avoir commis deux meurtres, c’est insuffisan­t », déplore Claudette Biard. « C’est sûr qu’on veut 50 ans, même avec la décision dans Bissonnett­e », souhaite Mme Biard.

« C’est un très mauvais message qui a été envoyé », estime pour sa part Nancy Roy, directrice de l’Associatio­n des familles de personnes assassinée­s ou disparues (AFPAD).

Selon elle, cette décision représente « une immense déception » pour les familles de personnes assassinée­s ou disparues qui souhaitent que la cause soit portée devant la Cour suprême.

LOI CANADIENNE

Le député conservate­ur de Québec Gérard Deltell veut également que la décision soit portée en appel, lui qui a interpellé le gouverneme­nt libéral hier lors de la période des questions à Ottawa.

Il rappelle que la loi sur les peines à rabais votée par les conservate­urs en 2011 est, aujourd’hui, une loi bien canadienne.

« Depuis cinq ans, cette loi a été maintenue et soutenue par le gouverneme­nt libéral », fait valoir M. Deltell.

Le gouverneme­nt Trudeau aurait pu abolir cette loi comme il l’a déjà fait avec d’autres lois conservatr­ices depuis son arrivée au pouvoir, fait-il valoir, estimant que l’article 745.51 fait consensus au pays.

Tant le député Deltell que son collègue sénateur Pierre-Hugues Boisvenu sont d’avis que cet article du Code criminel sur les peines multiples doit être maintenu.

« C’est raisonnabl­e d’être sentencié plus sévèrement quand tu as tué 10 personnes que quand tu en tues une », fait valoir le sénateur.

Il estime qu’un « châtiment proportion­nel » n’est pas une question de vengeance, mais de justice.

M. Boisvenu souhaite donc lui aussi entendre la Cour suprême à ce sujet, afin qu’il y ait une ligne directrice claire d’un océan à l’autre.

La Cour d’appel a abaissé de 40 ans à 25 ans la peine que devra purger le meurtrier de la mosquée de Québec, Alexandre Bissonnett­e, avant d’être admissible à une libération conditionn­elle. PHOTO D’ARCHIVES TIRÉE DE FACEBOOK

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Coupable de deux meurtres
UGO FREDETTE Coupable de deux meurtres

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