14 ANS DE PRISON POUR INCESTE
Le juge a prononcé la peine maximale pour ce père incestueux et a souligné le courage de la victime
Un père de famille qualifié de « véritable prédateur sexuel » par le tribunal et qui a abusé de sa fille sur une longue période a écopé, hier, de quatorze années de détention, soit la peine maximale qu’il est possible d’avoir en matière d’inceste.
Techniquement, c’est jeudi que Stéphane Joachim, reconnu coupable d’inceste et d’agression envers sa fille, devait connaître la sentence prononcée par le juge Mario Tremblay, au palais de justice de Québec.
Cependant, l’accusé s’était trouvé un prétexte pour ne pas se présenter devant le tribunal, comme ce fut souvent le cas depuis le début des procédures judiciaires.
Qu’à cela ne tienne, le magistrat a lancé un mandat d’arrestation, et c’est en étant détenu à partir des locaux du service de police de la ville de Magog que l’homme de 48 ans a écouté, hier, la sentence prononcée contre lui.
Dans sa décision écrite, le président du tribunal a rappelé que la première agression est survenue quelques jours avant le 13e anniversaire de naissance de la fille de l’accusé et que celles qui ont suivi se sont échelonnées jusqu’à ce que l’adolescente soit âgée de 15 ans.
« En tout, il y a eu entre quinze et vingt longs événements au cours desquels l’accusé assouvis- sait ses fantasmes et pulsions », a noté le juge, précisant que cette « exploitation sexuelle avait été jusqu’à amener sa fille à participer à ce qu’elle croyait être un film pornographique destiné au marché de la revente ».
ALCOOL OU DROGUE
Chaque fois que le père a abusé de l’enfant, il lui servait alcool ou drogue pour atténuer sa résistance : elle était ainsi « désensibilisée à presque tous les types de rapports sexuels par celui qu’elle considérait comme son héros », a souligné le juge Tremblay.
Dans le cadre des observations sur la peine, le poursuivant, Me Michel Bérubé, avait demandé au tribunal de prononcer la peine maximale de 14 ans.
Pour étoffer sa demande, il avait fait valoir une récente décision de la Cour suprême qui « marque un tournant en matière d’imposition de peine impliquant des enfants dans le cadre d’infraction de nature sexuelle ».
SIX ANS DE PROCÉDURES
Il avait également plaidé que même si Joachim ne possédait pas d’antécédents en semblable matière, le tribunal devait prendre en considération « l’activité criminelle de l’accusé », qui, entre 1991 et 2017, a reçu des peines pour 71 crimes.
En terminant, le magistrat a tenu à souligner le courage de la victime, qui n’a jamais baissé les bras, et ce, même si les procédures judiciaires se sont étirées sur près de six années. Le juge Tremblay a rappelé que, depuis les abus qu’elle a subis alors qu’elle avait entre 13 et 15 ans, la jeune femme, aujourd’hui âgée de 21 ans, a vu sa vie bouleversée, brisée, brimée.