Des plaintes parfois futiles
Si certains juges se font parfois taper sur les doigts avec raison, d’autres font souvent l’objet de plaintes frivoles de citoyens mécontents. Voici quelques exemples.
NON, LE JUGE NE DORMAIT PAS
Dans une plainte datant du printemps 2017, un citoyen lançait des accusations graves : en plus d’être arrivé en retard à une audience des petites créances, le juge « a dormi pendant les trois quarts du temps ».
Si elle s’était avérée, la faute aurait pu être sévèrement punie. Sauf qu’en écoutant les enregistrements, le Conseil de la magistrature a vite compris que ce n’était pas le cas.
« Il échange constamment avec [les parties], il écoute attentivement [...], il pose des questions pour bien comprendre les explications de chacun, et ce, jusqu’à la fin », a noté le Conseil en rejetant la plainte, en mentionnant que le juge visé aurait pu s’excuser pour son retard.
« ÇA VA MAL FINIR POUR VOUS »
Un juge peut dire à un justiciable « ça va mal finir pour vous », surtout lorsqu’il a face à lui quelqu’un qui tient un discours similaire aux « citoyens souverains » qui estiment ne pas avoir à respecter les lois.
« Je possède une personnalité juridique [...], je ne souhaite pas prendre connaissance de ma personnalité juridique », a lancé le plaignant à un juge l’an passé.
Alors que l’audience ne devait servir qu’à fixer une prochaine date de cour, le plaignant s’est lancé dans un long monologue. Le tout s’est terminé quand l’homme a dû être escorté hors de la salle par un constable spécial.
Mécontent, l’homme a porté plainte contre le juge, mais, rapidement, le Conseil a déterminé que le plaignant était « le seul responsable de la situation dans laquelle il s’est placé ».
« FERMEZ-LA SVP »
Dire à quelqu’un en salle d’audience de se la fermer n’est jamais une bonne idée pour un juge, qui doit en tout temps agir avec sérénité et dignité. Sauf que parfois, la situation le commande, a tranché le Conseil de la magistrature en novembre 2018.
Cette décision concernait un plaignant qui, lors d’une audience, levait le ton et interrompait l’avocat adverse. Sur un « ton ferme, mais calme », le juge lui a alors dit : « Fermez-la s’il vous plaît. » Le reste de l’audience a été houleux, le plaignant s’insurgeant à plusieurs reprises.
Ainsi, même si un juge ne devrait « en aucune circonstance » parler ainsi à une personne en face de lui, dans ce cas et vu la difficulté de contrôler le plaignant, le Conseil a déterminé qu’il n’était pas nécessaire d’aller plus loin, et a rejeté la plainte.