Autre retard de livraison des trains chinois d’exo
La commande initiale de 24 wagons à deux niveaux passée en mai 2017 devait être livrée en décembre dernier
Les passagers des trains de banlieue de Candiac, de VaudreuilDorion et de Saint-Jérôme n’embarqueront pas dans un wagon construit en Chine de sitôt. Les 44 voitures commandées à CRRC en 2017 sont l’objet d’un troisième retard de livraison, a appris Le Journal.
« Nous n’avons pas encore reçu les premières voitures commandées à CRRC. Un délai de 8 mois, entièrement attribuables au contexte mondial lié à la pandémie de la COVID-19, est à prévoir », nous a confirmé la porte-parole d’exo, Catherine Maurice, par courriel.
La commande initiale de 24 voitures à deux niveaux a été passée par l’Agence métropolitaine de transport (AMT), l’ancêtre d’exo, en mai 2017. Les wagons devaient être livrés en décembre 2019.
Exo a depuis exercé une option d’achat pour 20 autres wagons et la date de livraison a été repoussée à juin 2020, puis ensuite à août 2020. L’organisme prévoit maintenant recevoir les premiers wagons en mai 2021.
LA NORME PLUTÔT QUE L’EXCEPTION
La China Railway Rolling Stock Corporation (CRRC) avait été préférée à Bombardier à l’époque, notamment en raison du prix proposé. Le géant chinois offrait de construire les 24 voitures pour 69 millions $, alors que l’AMT avait prévu 103 millions $ dans son budget.
Avec l’option d’achat, le contrat vaut maintenant 134,8 millions $. Et on ne prévoit pas de dépassement de coûts.
« La valeur du contrat est toujours la même », nous a assuré Mme Maurice.
La pandémie de COVID-19 a le dos large, croit cependant un habitué de la fabrication de trains.
« Les contrats ont une longue et riche histoire de retard de livraison dans ce secteur », rappelle Matti Siemiatycki, professeur à l’Université de Toronto dont les recherches portent entre autres sur la réalisation de projets d’infrastructure à grande échelle.
Bombardier a connu beaucoup de problèmes similaires ici au Canada, souligne-t-il.
PÉNALITÉS MINIMES
Si les raisons avancées par le professeur pour expliquer ces retards sont nombreuses, deux se démarquent : les pénalités pour retard de livraison sont minimes, ce qui n’incite pas les constructeurs à se dépêcher, et le nombre de manufacturiers de pièces est bas, ce qui limite les options.
Les retards « ne sont pas une surprise, ils sont plutôt la norme plutôt que l’exception », insiste le professeur Siemiatycki, « mais c’est tout de même frustrant », dit-il.
NOUVEAUX MARCHÉS
Aux problèmes de délais de fabrication s’ajoute celui de l’homologation et de la certification.
La firme Bombardier s’était d’ailleurs montrée très sceptique, en 2017, quant aux dates de livraison, avertissant qu’Ottawa pouvait prendre jusqu’à 36 mois pour compléter ce processus.
« Les Chinois sont excellents pour construire des trains rapidement, mais les exigences spécifiques à chaque pays, c’est nouveau pour eux », explique la consultante Maria Leenen, depuis Hambourg en Allemagne.
La PDG et fondatrice de SCI Verkehr, une société de conseil indépendante spécialisée dans les chemins de fer, se rappelle que les Japonais ont eu le même problème quand ils ont voulu entrer en Europe.
« Quand il s’agit d’un nouveau type de train, il y a beaucoup d’obstacles à éviter et de problèmes qu’on n’avait pas envisagés », illustre-t-elle.