La Québécoise de la NFL
Après avoir fait ses débuts dans le monde du football avec les Alouettes il y a quelques années, la Québécoise Catherine Raîche travaille maintenant avec les Eagles de Philadelphie, dans la NFL, et son ascension ne fait que commencer, si l’on se fie à ses ambitions.
« Je n’ai jamais caché que c’était ça mon objectif : être responsable d’une équipe, lance ainsi Raîche lorsqu’on lui demande si elle rêve de devenir un jour directrice générale d’un club de la NFL. Je suis ouverte aux opportunités. Je ne me ferme aucune porte, que ce soit dans la Ligue canadienne de football ou la NFL. »
À Philadelphie, Raîche porte le titre de coordonnatrice des opérations football et du personnel. Ce poste hybride a d’ailleurs été créé à son arrivée avec les Eagles, en juillet 2019, ce qui lui permet de toucher à plusieurs sphères, dont le recrutement, le développement des joueurs et la gestion des contrats.
« J’apprécie mon rôle ici avec les Eagles, explique la seule Québécoise à l’emploi d’une équipe de la NFL. Et dans les circonstances, avec la pandémie, je me considère chanceuse d’avoir un emploi présentement [dans le monde du sport professionnel]. J’aime le fait qu’il y ait une diversité dans mes tâches. Je touche à différents départements et c’est une très belle expérience. Je suis choyée de pouvoir acquérir autant de connaissances. »
TRAVERSER LA FRONTIÈRE
Bien avant de s’inspirer de Kim Ng, devenue directrice générale d’un club du baseball majeur plus tôt cette année avec les Marlins, Raîche s’est intéressée à la carrière de Dawn Aponte, qui a longtemps oeuvré avec les Dolphins de Miami (2010 à 2016) avant d’être embauché dans les bureaux de la NFL.
Traçant son propre chemin, Raîche a pour sa part reçu l’appel tant attendu des Eagles après avoir fait le saut aux États-Unis aux côtés de l’entraîneur Marc Trestman dans la région de Tampa Bay, dans l’éphémère aventure de la XFL.
« Mon but, c’était d’aller aux États-Unis pour ultimement aller dans la NFL, résumet-elle à propos de ce détour curieux, mais nécessaire pour la suite de sa carrière. C’était une bonne première opportunité pour moi de traverser la frontière. »
MERCI À JIM POPP !
Déjà, avant même son saut dans la NFL, le parcours de Raîche était impressionnant. Diplômée en droit de l’Université de Sherbrooke et admise au Barreau du Québec, elle a travaillé pour la firme montréalaise d’avocats Gascon & Associés pendant trois ans. Passionnée de football, elle songeait alors à devenir agente de joueurs, mais elle voyait parallèlement les opportunités de gravir les échelons dans les bureaux d’une équipe.
Non sans un peu de travail « pro bono » avec les Alouettes au départ, le directeur général Jim Popp lui a finalement offert son premier contrat à temps plein dans le football professionnel en 2016. D’abord coordonnatrice de l’administration football pour le club montréalais, elle est rapidement devenue directrice générale adjointe. Raîche a ensuite retrouvé Popp et connu
Trestman chez les
Argonauts de Toronto. Le reste appartient à l’histoire, une histoire qui semble loin d’être terminée.
« JE N’AI JAMAIS CACHÉ QUE C’ÉTAIT ÇA MON OBJECTIF : ÊTRE EN CHARGE D’UNE ÉQUIPE. JE SUIS OUVERTE AUX OPPORTUNITÉS. JE NE ME FERME AUCUNE PORTE, QUE CE SOIT DANS LA LIGUE CANADIENNE DE FOOTBALL OU LA NFL. »
– Catherine Raîche
Le Canadien compte deux femmes au sein de son personnel administratif. France Margaret Bélanger est cheffe des affaires commerciales tandis qu’Anna Martini est pour sa part cheffe de la direction financière.
Leurs fonctions ne les impliquent pas dans les opérations hockey. Ce rayon relève de Marc Bergevin, qui occupe le poste de directeur général depuis 2012. Aucune femme ne fait partie de ce secteur, mais il n’est pas dit que la porte ne finira pas par s’ouvrir un jour.
Bergevin affirme ne pas faire pas de distinction dans le choix de ses employés. En vacances pour quelques jours, il a pris le temps de répondre par message texte à la question qui lui a été envoyée sur le sujet.
« Que ce soit pour les joueurs comme pour le personnel des opérations hockey, j’ai toujours été guidé par le même principe, dit-il. Je recrute les personnes qui me semblent les plus compétentes sans égard à leur genre, à leur race et à leur religion. » Embauchera-t-il une femme un jour ? On verra.
MACIOCIA AVAIT DE LA PLACE POUR RAÎCHE
Les Alouettes ont été la première organisation sportive professionnelle à Montréal à embaucher une femme aux opérations sportives. Il s’agit, comme on le sait, de Catherine Raîche, qui a ensuite suivi Jim Popp chez les Argonauts de Toronto. Elle poursuit sa carrière avec les Eagles de Philadelphie.
Son nom faisait partie de la liste des personnes que Danny Maciocia voulait embaucher lorsqu’il a fait part de son intérêt pour le poste de DG des Alouettes après le départ de Popp, en 2016.
« Je projetais d’en faire mon adjointe, raconte Maciocia, qui a finalement été retenu pour le poste au début de l’année.
« Les informations que j’avais au sujet de Catherine Raîche étaient excellentes. On la décrivait comme une femme brillante qui connaissait bien le football. Comme je tenais à m’entourer des meilleures personnes possible, elle représentait une candidate logique à mes yeux. J’avais eu l’occasion de lui en parler. »
Mais la famille Wetenhall avait déjoué ses plans en lui préférant Kavis Reed, qui cumulait en plus les fonctions d’entraîneur en chef. C’est à ce moment que Raîche a pris le chemin de Toronto.
« Aucune femme ne travaille aux opérations football dans la Ligue canadienne en ce moment, mais je suis sûr qu’il y en aura incessamment, continue Maciocia.
« J’encourage fortement les femmes qui aimeraient travailler dans le domaine à faire des stages avec des équipes. Ça va répondre à leurs questions et leur permettre d’apprendre des choses. J’entends mettre sur pied un tel programme avec les Alouettes. »
PLUSIEURS AGENTES
Maciocia remarque un grand changement entre ses années comme directeur général des Eskimos d’Edmonton et maintenant.
« De plus en plus de joueurs font appel à des agentes pour négocier leur contrat, observe-t-il.
« On ne voyait pas ça quand je travaillais à Edmonton (2002 à 2010). Les agentes avec lesquelles je négocie sont à l’emploi de firmes ou sont travailleuses autonomes. Elles sont bien préparées et connaissent bien le milieu. »
L’aînée de ses trois filles, Bianca, âgée de 21 ans, a de l’intérêt pour le football. Elle a suivi son père partout où sa carrière l’a amené. Étudiante à l’Université Concordia, elle considère la possibilité de travailler dans le football après ses études.
QUESTION DE TEMPS AU SOCCER
Au soccer, deux femmes font partie du bureau de direction de la MLS. JoAnn Neale est président et cheffe de l’administration tandis qu’Anastasia Dania Schmidt est vice-présidente exécutive et directrice des affaires juridiques.
Le circuit compte deux arbitres femmes, mais aucune équipe ne mise encore sur une femme aux opérations soccer. Le président de l’Impact, Kevin Gilmore, pense toutefois que ce n’est qu’une question de temps avant que ça arrive.
« On est ouvert à l’inclusion, c’est sûr et certain », affirme Gilmore.
« Mais pour le moment chez l’Impact, on a un personnel plutôt restreint. On a quatre entraîneurs, un directeur sportif et un adjoint. Ce n’est pas comme si on avait un personnel d’une quarantaine de personnes, comme on le voit au hockey ou au baseball.
« Les opportunités sont plus limitées, mais ce n’est qu’une question de temps. Le soccer pratiqué dans les communautés est très inclusif. Au Québec, 40 % des joueurs sont des filles. Si elles veulent occuper des postes techniques, c’est possible. Elles sont autant capables que les garçons. »
Gilmore souligne que l’ancienne entraîneuse de l’équipe américaine féminine, Jill Ellis, a été interviewée récemment pour le poste d’entraîneur du D.C. United (Washington). Il mentionne aussi que deux femmes font partie du trio de propriétaires du Saint Louis City SC, qui fera ses débuts dans la MLS en 2023. Carolyn Kindle Betz est l’actionnaire principale.