Aidez-nous à surveiller les élus municipaux
Le maire de votre municipalité est de connivence avec un gros entrepreneur ? Vous êtes au courant d’une histoire de financement électoral douteux ? Vous soupçonnez un changement de zonage à l’avantage d’un élu ou de sa famille ? Notre Bureau d’enquête est là pour vous, plus que jamais.
Nous lançons aujourd’hui le Bureau d’enquête municipal. À moins d’un an des prochaines élections municipales, nos journalistes et recherchistes chevronnés porteront une attention particulière à faire la lumière sur ce qui se passe dans votre coin de pays.
La nécessité de créer une unité d’enquête dédiée aux municipalités est née de trois constats :
ILS N’ONT PAS APPRIS
√ Premièrement, la commission Charbonneau (sur l’octroi et la gestion des contrats publics dans l’industrie de la construction), dont le rapport était déposé il y a cinq ans déjà, n’a pas réussi à assainir complètement les moeurs.
On pourrait croire que depuis la commission, tous les élus du Québec sont sensibilisés au sujet de l’éthique et des conflits d’intérêts. Erreur.
Pour s’en convaincre, il faut lire l’impressionnant dossier que nous publions aujourd’hui aux pages 3 et 43 à 58 de cette édition.
Mes collègues Sarah-Maude Lefebvre
et Andrea Valeria ont repéré pas moins de 38 élus municipaux, aux quatre coins du Québec, qui ont été reconnus coupables ou font l’objet d’une enquête depuis cinq ans.
En 2020, c’est incroyable qu’un élu pense encore qu’il peut utiliser sa position privilégiée pour acheter un immeuble, ou bien voter un contrat à l’entreprise pour laquelle il travaille.
La ministre des Affaires municipales, Andrée Laforest, reconnaît ellemême qu’il reste du travail à faire.
CHIENS DE GARDE ÉDENTÉS
√ Deuxième constat : les chiens de garde censés punir les coupables ont de sérieuses lacunes.
Il n’y a qu’à penser aux déboires de l’Unité permanente anticorruption (UPAC), plus occupée à se reconstruire depuis deux ans qu’à enquêter sur les élus municipaux.
Et la formation en éthique obligatoire pour les élus ? Le ministère ne vérifie même pas qui l’a suivie…
HEBDOS DISPARUS
√ Troisièmement, de nombreux médias locaux, qui pendant des décennies braquaient les projecteurs sur le comportement des échevins, ont malheureusement disparu faute de revenus.
Un rapport du Centre d’études sur les médias de l’Université Laval indique d’ailleurs que « 82 médias, dont 57 journaux hebdomadaires », ont fermé leurs portes au Québec entre 2011 et 2018.
« C’est un gros problème pour la lutte à la corruption parce que ça veut dire qu’il y a moins de regards posés sur les municipalités », racontait récemment à ma collègue Sarah-Maude Lefebvre le professeur d’université Denis Saint-Martin, membre du Comité public de suivi des recommandations de la commission Charbonneau. —
Nos journalistes ont beau travailler d’arrache-pied, il leur est évidemment impossible d’être au courant de tout ce qui se passe dans près de 1300 municipalités québécoises.
Voilà pourquoi nous avons besoin, chers lecteurs et lectrices, de vos yeux et de vos oreilles partout au Québec.
N’hésitez donc pas à nous contacter pour dénoncer des situations d’intérêt public dans votre municipalité. Au plaisir d’avoir de vos nouvelles.