Le Journal de Montreal

Vive l’argent sale !

- RICHARD MARTINEAU richard.martineau@quebecorme­dia.com

Ainsi, comme l’a dévoilé notre Bureau d’enquête, non seulement Loto-Québec ouvret-elle grande la porte aux mafiosi qui veulent utiliser les casinos de la province pour blanchir leur argent, mais elle leur déroule le tapis rouge !

« Un beau repas gastronomi­que, monsieur le gangster ? Une petite nuit à l’hôtel pour vous reposer ? Ça doit tellement être fatigant, casser des jambes et exploiter de jeunes filles !

Dormez bien, comme ça, demain, vous serez en forme pour revenir dépenser votre argent au casino ! »

LE ROI LION

Cela dit, quand on y pense, ce n’est pas surprenant.

Vous voulez des programmes sociaux chromés, mais ne voulez pas payer plus d’impôt ?

Eh bien, l’État n’a pas le choix.

Il doit aller chercher l’argent là où il est. C’est-à-dire dans les poches des bandits.

Faut ce qu’il faut pour remplir les coffres de l’État et entretenir l’armée de fonctionna­ires qui y travaillen­t !

Au moins, on peut se dire qu’en blanchissa­nt leur argent dans les casinos de Loto-Québec, les mafiosi contribuen­t à faire rouler la machine.

La mafia blanchit son argent au casino. Une partie de cet argent va dans les coffres de l’État. L’État utilise cet argent pour payer des policiers. Les policiers courent après la mafia. La mafia, qui veut paraître respectabl­e, blanchit son argent dans les casinos. C’est la grande chaîne de la vie. Hakuna Matata.

5 % POUR UNE P’TITE VITE

Vous ne le savez peut-être pas, mais au Québec (et un peu partout ailleurs), les bandits doivent payer de la TPS et de la TVQ sur les revenus qu’ils tirent de leurs activités illégales !

La Cour Supérieure l’a écrit noir sur blanc il y a cinq ans.

En mars 2006, le propriétai­re d’une agence d’escortes (Hot Boys) a été condamné à la prison pour exploitati­on sexuelle.

Tout de suite, Revenu Québec lui a sauté dessus en disant qu’il devait payer la TPS et la TVQ qu’il n’avait pas payées de 1995 à 2005.

Le pimp a refusé de payer en disant : « Hey, mes activités étaient illégales ! Vous ne pouvez pas taxer des activités que vous jugez illégales ! »

Ça s’est retrouvé en Cour Supérieure.

Et la Cour a tranché, en statuant (assoyez-vous, vous risquez de tomber en bas de votre chaise) que « les revenus d’activités criminelle­s comme le proxénétis­me sont imposables et des taxes doivent aussi être perçues sur les services sexuels rendus ».

En d’autres mots, si vous faites venir une prostituée dans votre chambre de motel, celle-ci DOIT ajouter les taxes de vente fédérales et provincial­es au coût de ses services sexuels, et ces taxes doivent être dûment déclarées aux agences fiscales !!!!

Oui, monsieur !

Idem pour les vendeurs de drogues !

« SHOW ME THE MONEY ! »

Je sais ce que vous pensez : mais si l’État empoche de l’argent qui provient de la prostituti­on ou du trafic de drogues, ne devient-il pas lui-même un pimp et un pusher ?

La réponse est non.

Parce que c’est l’État. Et quand l’État empoche de l’argent provenant d’activités illégales, ça devient comme par magie légal ET moral !

Tu vends de la drogue ? Je m’en fous, donne-moi ma part !

Tu vends ton corps ? Je m’en fous, donne-moi ma part !

Pour l’État, l’argent n’a pas d’odeur.

L’État veut sa part de l’argent du crime organisé !

 ??  ??
 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from Canada