La plus longue suspension qui n’a jamais été vue
En septembre 2018, neuf des douze conseillers municipaux de la Ville de Saint-Jean-surRichelieu ont demandé à la Commission municipale du Québec (CMQ) de faire enquête sur le maire Alain Laplante.
Après investigation, l’organisme est arrivé à la conclusion qu’une « véritable guerre de pouvoir s’est jouée » pendant plusieurs mois entre ce « groupe des neuf » et le comité exécutif, présidé par le maire Laplante, au sujet du chef de cabinet du maire, Guy Grenier.
ENQUÊTE OUVERTE
En résumé, le « groupe des neuf » a congédié à plusieurs reprises M. Grenier au cours de l’année 2018, sous prétexte qu’il ne faisait que servir les demandes du maire, alors que le comité exécutif a tenté de son côté de le réintégrer à son poste à plusieurs occasions.
Le dossier a pris de telles proportions que la CMQ a tenté d’accompagner dans un premier temps la Ville pour l’aider à régler le conflit, avant de finalement se résoudre à ouvrir une enquête.
Au final, selon la juge administrative Sandra Bilodeau, le maire Laplante s’est placé en situation de conflit d’intérêts en contestant le renvoi de M. Grenier, qui s’est adressé à la Cour supérieure pour renverser son congédiement.
Le maire aurait même « favorisé abusivement les intérêts de Guy Grenier », selon la CMQ. Il aurait aussi utilisé les ressources de la Ville à des fins partisanes, par la publication de deux communiqués de presse traitant de ce dossier.
L’avocat du maire Laplante a proposé à la CMQ une réprimande pour chacun des manquements éthiques, affirmant que ce dernier n’était pas « animé de mauvaises intentions ».
Mais Alain Laplante a plutôt écopé d’une suspension de 95 jours. Il a contesté cette décision en raison « d’une apparence de partialité », mais a mordu la poussière en Cour supérieure et a purgé sa suspension, la plus longue de l’histoire de la CMQ, en mai 2020.
PLAINTES POUR HARCÈLEMENT
Au même moment, on apprenait que trois hauts fonctionnaires de la Ville ont déposé des plaintes de harcèlement psychologique contre le maire auprès de la Commission des normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité du travail (CNESST).
La saga se poursuit toujours aujourd’hui alors que le maire demande à la Ville d’assumer ses frais d’avocats liés à cette affaire. Le maire Laplante a indiqué au
Journal que le processus judiciaire suit son cours et qu’il est en attente d’une date d’audition tant pour le dossier de harcèlement psychologique que pour celui de ses frais d’avocats.
TRIBUNAUX
Le 13 novembre dernier, le conflit a pris une autre ampleur alors que la Ville s’est adressée à la cour pour obtenir une injonction permanente à l’égard de neuf partisans du maire Laplante pour que, entre autres choses, ces derniers cessent de communiquer avec des employés et des élus de la Ville et qu’ils s’abstiennent de publier des propos « diffamatoires » et « injurieux » à leur endroit sur les réseaux sociaux.
La Ville leur réclame solidairement 540 000 $ en dommages.
Le maire Laplante a répliqué une semaine plus tard avec deux requêtes, réclamant d’abord de pouvoir agir dans cette poursuite à titre de « témoin ».
M. Laplante a aussi demandé à la Cour supérieure de déclarer que le pouvoir de surveillance et d’investigation du maire d’une ville était applicable sur les élus de Saint-Jean-sur-Richelieu et que la direction générale de la Ville se doit de répondre à ses demandes.