LES RASSEMBLEMENTS DE NOËL EN PÉRIL
■ Situation inquiétante dans des hôpitaux ■ Le personnel de santé épuisé ■ Craintes liées au magasinage des Fêtes ■ Plusieurs questions sur la vaccination ■ « Foutu mois de décembre ! » – le ministre de la Santé
Inquiets de la hausse des hospitalisations, François Legault et le Dr Horacio Arruda se donnent dix jours pour décider s’ils annulent les rassemblements de Noël. Ils devront trancher si les hôpitaux du Québec peuvent absorber une multiplication des cas de COVID-19 liée aux festivités.
À l’approche de Noël, le gouvernement se retrouve devant des choix déchirants. « On ne va pas dans la bonne direction, a déclaré le premier ministre en conférence de presse hier. Le nombre d’hospitalisations, s’il continue à augmenter comme on le voit actuellement, malheureusement, ça ne sera pas possible d’avoir les deux rassemblements à Noël. »
M. Legault annoncera sa décision le 11 décembre : soit les Québécois pourront se réunir à dix lors de deux événements entre le 24 et le 27 décembre, comme prévu, soit les rassemblements seront carrément interdits. Pour le moment, aucun scénario de réunions plus modestes n’est envisagé.
C’est que le réseau hospitalier est sous pression. Hier, 719 personnes étaient hospitalisées pour la COVID-19, dont 98 aux soins intensifs, et le Québec comptait 1177 nouveaux cas.
Le personnel du réseau de la santé, lui, est à bout de souffle. « On est rendus à 6542 employés qui sont soit en congé de maladie ou en retrait préventif, puis ça augmente chaque jour. Puis, dans un certain nombre d’hôpitaux au Québec, on approche de la limite du nombre de patients COVID qu’on peut traiter », a ajouté le premier ministre, en brossant un sombre tableau.
SAUVER DES VIES
Ses propos ont trouvé écho chez les spécialistes. Déjà que les urgences du Québec débordent fréquemment, début janvier, la COVID-19 risque de s’inviter autour de la dinde cette année.
« On sait que la période des Fêtes amène son lot de virus respiratoires et de pneumonies, ajoutons à cela la COVID-19 : on craint beaucoup pour le système pour le temps des Fêtes, et surtout après », dit la présidente de l’Association des médecins d’urgence du Québec, la Dre Judy Morris, tout en se réjouissant de la prudence du gouvernement Legault devant la hausse des hospitalisations.
C’est que les conséquences d’un débordement dans les hôpitaux auraient des répercussions importantes, tant pour les patients COVID que pour les autres.
Par exemple, Québec craint de devoir annuler des chirurgies pour envoyer du personnel en renfort dans les résidences privées pour aînés (RPA), où la situation demeure préoccupante.
« S’il faut faire ce choix-là, on va être obligés de délester parce qu’il faut aller sauver des vies dans des RPA », a illustré le ministre de la Santé, Christian Dubé, qui craint « ce foutu mois de décembre ».
Et le réseau de la santé est déjà en rattrapage après avoir reporté des chirurgies au printemps dernier. Présentement, les salles d’opération fonctionnent seulement à 80 % en raison de la crise sanitaire.
« Pour être capables de rattraper les 130 000 [chirurgies en retard] qu’on avait au pire de la vague, il faudrait rouler à 115 %, à 120 % [...] », dit M. Dubé.
La Dre Judy Morris, elle, fait remarquer que les hôpitaux ont repris leurs activités habituelles, ce qui laisse moins de places réservées aux patients COVID qu’au printemps dernier.
CENTRES D’ACHAT
Par ailleurs, préoccupé par le fort achalandage dans les commerces, le gouvernement Legault annoncera aujourd’hui que des inspecteurs de la CNESST et des policiers intensifieront leur présence dans les magasins et centres d’achat afin d’éviter une contamination durant le magasinage des Fêtes.
« LE ON 11 DÉCEMBRE, VA PRENDRE DONC LA DÉCISION DEUX SEMAINES AVANT. ON VA REGARDER LA SITUATION DANS CHAQUE HÔPITAL DANS LES 10 PROCHAINS JOURS. »
– François Legault, premier ministre