Mauvais équipement de protection en zone rouge
Des infirmières se sentent en danger et ont peur d’être contaminées par la COVID
Gants trop petits, masques de procédure simple ou encore jaquettes trouées : des infirmières d’un CHSLD de la Montérégie-Est dénoncent les mauvaises conditions des équipements de protection individuelle qui leur sont fournis.
« Les gens en CHSLD ont des petits masques de procédure, les mêmes qu’on met pour aller à l’épicerie, en papier ! On a appris hier que les bandeaux d’une visière sur deux ne tenaient pas et tombaient. Quand tu es en isolation, tu ne peux pas vraiment te jouer dans les cheveux pour replacer cela. C’est vraiment du matériel cheap », dénonce Brigitte Petrie, du Syndicat des professionnelles en soins de Montérégie-Est.
Dans la nuit de lundi à hier, les infirmières du Centre d’hébergement de l’Hôtel-Dieu-de-Saint-Hyacinthe, l’un des plus importants CHSLD, ont refusé de travailler pour dénoncer leurs conditions de travail.
En plus d’être prises avec du matériel de protection inadéquat, comme des jaquettes et des gants trop petits qui laissent la peau exposée, les employées sont excédées d’être en sous-effectif. Les membres de l’équipe de nuit ont organisé lundi soir un sit-in lorsqu’elles ont constaté qu’elles n’étaient que trois infirmières, dont deux auxiliaires, pour 64 patients en zone COVID.
Pour la vice-présidente de la Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec (FIQ), Linda Lapointe, il est primordial que les employeurs donnent du matériel de qualité à leurs travailleurs de première ligne qui ne se sentent pas protégés.
« On sait qu’on est en manque de maind’oeuvre. Si les employés se contaminent en plus à cause des équipements de protection, on risque encore d’avoir du manque de personnel », déplore-t-elle.
PAS UN ÉCRAN DE PROTECTION
De son côté, le président de l’Association des microbiologistes du Québec, Christian Jacob, rappelle que sans un équipement adéquat, les travailleurs de la santé s’exposent à la contamination.
« Si on porte une jaquette ou des gants qui sont censés être un écran de protection contre les contaminants extérieurs, mais qu’il y a une partie de la peau qui est exposée, et bien, on n’est pas protégé. Donc, on ne peut pas parler d’un équipement de protection efficace », soutient le Dr Jacob.
Pour ces employées, la direction du Centre intégré de santé et de services sociaux (CISSS) de la Montérégie-Est les met clairement en danger, ce qui en pousse plusieurs à tomber au combat.
À Granby, la situation a continué de s’aggraver hier au CHSLD Villa-Bonheur, où on dénombre désormais 70 résidents et employés contaminés par la COVID-19. Plusieurs travailleurs se disent au bord de l’épuisement et réclament de l’aide.