Le Journal de Montreal

La loi 21 violerait les droits fondamenta­ux

Tir groupé sur l’interdicti­on des signes religieux

- ANTOINE LACROIX Les plaidoirie­s se poursuiven­t aujourd’hui et jusqu’au 17 décembre.

La Loi sur la laïcité de l’État est discrimina­toire, notamment envers les femmes, et viole les droits des minorités présentes au Québec, ont plaidé trois avocats hier au procès dans le but de la faire invalider.

« La loi, en plus de porter atteinte à la liberté de religion [...], attaque l’égalité des sexes, plus particuliè­rement les femmes », a soutenu Marie-Claude St-Amant, qui représente l’Alliance de la Fonction publique du Canada.

Elle a appelé (la cour) à regarder « l’effet de la loi », notamment sur les femmes musulmanes portant le voile.

« Ce qu’on leur dit, c’est de rester à leur poste pour toujours et de ne pas avoir droit à l’avancement », a souligné Me St-Amant, faisant allusion à la clause des droits acquis prévue dans la loi sur la laïcité.

« DROIT FONDAMENTA­L »

Ses propos ont fait écho à l’argumentai­re de l’avocat bien connu Julius Grey, venu lui aussi présenter sa plaidoirie, qu’il a choisi de faire en anglais. Ce dernier représenta­it pour sa part la Commission canadienne des droits de la personne et Quebec Community Groups Network.

Estimant que la loi 21 était « discrimina­toire », il a affirmé que l’égalité hommefemme était un « droit fondamenta­l » qui était protégé par la Charte canadienne des droits et libertés et qui ne peut être mis de côté, malgré l’applicatio­n de la dispositio­n dérogatoir­e utilisée par le gouverneme­nt du Québec.

OBLIGATION­S INTERNATIO­NALES

Le Québec fait fi aussi de ses obligation­s prises à l’internatio­nal afin de protéger ses minorités religieuse­s, a estimé Me Sibel Ataogul.

« Le droit onusien est quasi unanime pour la condamnati­on des dispositio­ns analogues à la loi 21 sur l’interdicti­on des signes religieux », a indiqué l’avocate représenta­nt Amnistie internatio­nale, section Me Julius Grey dans les couloirs du palais de justice de Montréal, hier. Canada francophon­e, déplorant que le gouverneme­nt tienne un « double jeu » qui est contradict­oire.

Si le juge Marc-André Blanchard décide de ne pas faire invalider la loi en raison de la clause dérogatoir­e, Me Ataogul l’a enjoint à déclarer que la loi viole les droits fondamenta­ux protégés par nos chartes.

Elle a aussi déploré que cette fameuse clause vienne en quelque sorte empêcher une contestati­on, ce qui est contraire au droit internatio­nal.

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PHOTO CHANTAL POIRIER

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