Non à une participation de l’État
46 % des Québécois s’opposent carrément au projet GNL Québec
Une majorité de Québécois s’oppose à une participation financière du gouvernement québécois dans le projet d’exportation de gaz naturel GNL Québec, selon un sondage obtenu par Le Journal.
« Les Québécois ne veulent plus subventionner les combustibles fossiles », lance Patrick Bonin, responsable de la campagne Climat-Énergie chez Greenpeace.
Le sondage Léger, commandé par plusieurs groupes environnementaux, dont Eau Secours, Équiterre, Greenpeace et Nature Québec, montre que 54 % des répondants ne veulent pas que les gouvernements aident financièrement le projet.
En fait, un peu moins de la moitié des répondants s’opposent carrément à la réalisation de ce mégaprojet énergétique.
Connu sous divers noms — GNL Québec, Gazoduq ou Énergie Saguenay —, le projet propose de construire un gazoduc qui traverserait le Québec jusqu’au Saguenay, où serait construite une usine de liquéfaction de gaz naturel. L’entreprise veut exporter ce combustible fossile vers l’Europe.
PROJET EN DIFFICULTÉ
Mais le projet est en difficulté. Il a perdu un important investisseur, Berkshire Hathaway, l’hiver dernier. Puis des membres du personnel de direction ont quitté le navire.
Dans son rapport 2020 sur les projets de gaz naturel liquéfié, l’Union internationale du gaz ne croit pas non plus que ce GNL Québec prendra son envol. « Un fort vent de face d’activisme anti énergie fossile au Québec rend peu probable la réalisation de ce projet », note le regroupement.
LEGAULT TOUJOURS POUR
Mais le gouvernement Legault n’a pas jeté l’éponge.
Lors du lancement du Plan pour une économie verte à la mi-novembre, le premier ministre a vanté les vertus du projet, qui fera, selon lui, diminuer les émissions de GES en Europe. Il a laissé entendre cet été que Québec pourrait participer au projet.
Les groupes environnementaux s’y opposent fermement. « Les difficultés financières de ce projet dépassé ne sont plus un secret pour personne et sans l’aide des gouvernements, il ne verrait jamais le jour », soulignent-ils.
TARIF D’HYDRO AVANTAGEUX
Pour Patrick Bonin, ce coup de sonde devrait également faire réfléchir le gouvernement Legault, qui offre une quantité importante d’énergie, 550 MW, au tarif L, très avantageux financièrement.
« C’est une forme d’aide financière. Il ne devrait plus y avoir de subvention à l’industrie pétrolière et gazière. C’est un déficit pour la société, parce qu’on va devoir trouver de nouvelles sources d’approvisionnement en énergie qui coûtent plus cher que le prix payé par GNL », indique-t-il.