La dernière carte de Bergevin
Dominique Ducharme hérite d’un gros mandat. Sa mission sera de faire du Canadien l’équipe que Marc Bergevin comptait voir après lui avoir apporté des additions significatives pendant l’entre-saison. Il lui incombera de faire la preuve que les succès connus par le Tricolore à ses 10 premiers matchs n’étaient pas de la poudre aux yeux.
Claude Julien parti, la pression se déplace sur les épaules de Bergevin et il le sait. Il joue gros, il joue sa dernière carte.
Son avenir se jouera au cours des trois prochains mois.
Pour garder la confiance de Geoff Molson, son équipe devra se qualifier pour les séries et y faire un minimum de deux rondes.
Ça aidera à mousser la vente des billets si les amateurs peuvent retourner au Centre Bell la saison prochaine.
Si le Canadien rate les séries, M. Molson aura de la difficulté à se porter garant de son directeur général.
Les partisans en ont marre de voir leur équipe tirer de la patte et rater les séries.
POURQUOI AVOIR CHANGÉ DE STYLE ?
La saison augurait pourtant bien après 10 matchs. Le Canadien était excitant à voir jouer. Ses joueurs jouaient avec émotion.
Claude Julien préconisait un échec avant à deux hommes. On voyait des pointages plus élevés, mais on s’entendait que ça ne pourrait durer.
Était-ce parce que Julien estimait qu’il n’avait pas les forces nécessaires pour rivaliser en attaque avec l’adversaire ou parce que Carey Price n’aimait pas accorder plus de buts ?
On se rappellera que le gardien avait dit qu’il ne serait pas possible de jouer un style aussi ouvert match après match.
PAS LE CHOIX D’AGIR
Puis, le temps de le dire, tout s’est écroulé.
Le Canadien est redevenu l’équipe qu’on voyait ces dernières années. Les joueurs jouaient sans conviction.
C’était comme si tout ce qu’ils avaient accompli au cours des trois premières semaines de la saison fut un mirage.
Ça ne se pouvait pas. Bergevin a-t-il agi trop vite ?
Il s’en trouve pour interpréter sa décision comme un geste de panique, opinion que je ne partage pas.
Bergevin ne pouvait plus attendre. Il devait agir.
Une victoire à Ottawa, mardi soir, aurait repoussé l’échéance de quelques jours pour Claude Julien. C’était facile de voir que les joueurs ne répondaient plus.
Oublions le but refusé par la Ligue nationale à Brendan Gallagher et les deux sapins accordés par Carey Price.
Le Canadien était embourbé depuis huit matchs et il lui fallait un électrochoc.
DEUXIÈME CHANCE
C’est dommage pour le super bonhomme qu’est Julien. On peut en dire autant de Kirk Muller.
Mais ça prend des résultats, particulièrement en cette année où Bergevin dit avoir une grande confiance en l’équipe qu’il a bâtie.
Julien était sur la sellette depuis l’an dernier. Il aurait perdu son poste si la Ligue nationale n’avait pas repris ses activités en temps de pandémie pendant l’été.
La tenue encourageante de sa formation au tournoi estival de la Coupe Stanley l’a sauvé d’un congédiement.
CHOIX LOGIQUE
En commentant la nomination de Ducharme hier, Bergevin a spécifié que les mesures entourant la quarantaine n’ont pas eu d’incidence sur son choix.
Ducharme était son homme, c’est tout.
Bergevin a suivi sa logique. Pour lui, Ducharme était le candidat tout désigné pour prendre la relève. Il n’avait pas à chercher plus loin.
Il a fait comme son homologue des Leafs, Kyle Dubas, quand celui-ci a remplacé Mike Babcock par Sheldon Keefe, qui dirigeait alors la filiale de l’équipe, à deux pas du domicile de l’équipe torontoise.
À 47 ans, Ducharme n’est pas tant un entraîneur nouvelle vague qu’un entraîneur d’une génération plus jeune. Car il n’existe pas mille et une façons de diriger une équipe.
Du hockey, ça restera toujours du hockey.
Ce qui distinguera Ducharme de Julien, ce sera sa façon de livrer ses messages. Bergevin l’a répété plusieurs fois en expliquant les motifs de sa décision.
Espérons que les joueurs comprendront rapidement.